. Une mission compromise d’avance ?
Dans une interview accordée le lundi 10 mars 2025 à Rfi, l’ancien président béninois Nicéphore Dieudonné Soglo a révélé qu’il est invité à Niamey par le Général Abdourahamane Tiani dans le cadre de la poursuite de la médiation dans la crise entre le Niger et le Bénin. Il a précisé qu’il s’y rendra en compagnie de son collègue l’ancien président Boni Yayi qui était de la partie pour la première expédition. Mais au regard de l’ambiance qui règne entre Patrice Talon et ses deux prédécesseurs encore en vie, l’on est en droit de se demander l’état d’esprit dans lequel la suite de cette médiation se prépare et le résultat auquel on peut s’attendre.
En attente de certaines formalités protocolaires auprès de l’ambassadeur du Niger près le Bénin, Nicéphore Soglo se dit prêt à répondre à l’invite du Général Tiani pour la poursuite de sa mission de médiation. Ce qui suscite dans un premier temps l’espoir d’une éventuelle réouverture des frontières du Niger. Mais la poursuite de cette médiation par les deux anciens présidents béninois laisse les béninois plus perplexes quand on s’en tient au climat qui règne actuellement entre ces deux médiateurs et Patrice Talon. Ce deuxième voyage s’annonce à un moment où Soglo se montre plus fâché contre le président Patrice Talon qui reste ferme sur sa position en ce concerne ‘’les exilés et prisonniers politiques’’. Dans le même temps, des lieutenants de Boni Yayi semblent craindre pour la vie de ce dernier. Du côté de la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (Criet), un vieux dossier de disparition d’un haut cadre du ministère des finances sous la gouvernance de Boni Yayi refait surface donnant lieu à toutes sortes d’insinuation.
Alors, dans cette ambiance, à Niamey, les deux médiateurs béninois doivent faire beaucoup plus pression sur eux-mêmes pour faire parler leur patriotisme. Sinon, ils pourraient facilement se mettre dans une posture de règlement de compte. Ce qui pourra renforcer la position de Tiani dont les accusations sont systématiquement balayées du revers de la main par les autorités béninoises.
Rappelons que les deux anciens présidents béninois étaient déjà à Niamey du 24 au 27 juin 2024 toujours dans le cadre de cette crise.
Edouard ADODE