C’est avec grand regret que Patrice Talon assiste à la fin douloureuse que le sort impose à l’amitié qui le lie à Olivier Boko. Le chef de l’État béninois s’étonne de voir retourner contre lui un ami en qui il a placé toute sa confiance au point de le voir comploter contre lui pour le renverser. De cette surprise de fin de règne, Patrice Talon déduit avoir fabriqué « un monstre » sans s’en rendre compte. Mais si le pouvoir peut rendre facilement un ange en « un monstre », on se demande si Olivier Boko en est le seul des deux mandats de Patrice Talon à la tête du Bénin. N’y a-t-il pas d’autres dans l’incubateur ?
Dans un récent entretien accordé au magazine Jeune Afrique, Patrice Talon a confié que son plus grand regret est d’avoir perdu son « meilleur ami, après avoir contribué à faire de lui un monstre ». Mais plus haut avant ce regret, le chef de l’Etat béninois reconnaît sa part de responsabilité dans ce qu’est devenu son ami intime. Il a clairement laissé entendre, « j’ai ma part de responsabilité, bien sûr. Sans m’en rendre compte, j’ai créé un monstre qui, telle une araignée, avait méthodiquement tissé sa toile dans tous les milieux de la vie publique : politiciens, magistrats, services de sécurité, hommes d’affaires… »
Ainsi, en toute franchise, Patrice Talon se montre en partie responsable de ce qu’est devenu son ami Olivier Boko. Il sait bien qu’il en est pour quelque chose puisque par confiance, il a laissé assez d’avantages à celui avec qui il partage beaucoup de choses. Talon a implicitement fait d’Olivier Boko, un vice-président de la République en lui confiant assez de prérogatives dans l’appareil d’Etat sans que ce dernier ne porte un titre officiel. Comme le Président l’a d’ailleurs rappelé dans l’interview, Olivier Boko est celui qui reçoit et étudie les dossiers de nomination à diverses fonctions. Ce qui révèle le degré de confiance qu’il y a entre les deux amis.
Mais c’est après plus de huit ans d’exercice du pouvoir d’Etat que Patrice Talon découvre par lui-même qu’il a fabriqué un « monstre » sans s’en rendre compte. Il est donc bien évident qu’après son passage à la tête de l’Etat béninois plusieurs autres monstres issus des arcanes du pouvoir pourraient être révélés. Puisque n’est pas seulement monstre celui qui a cherché à porter atteinte à l’autorité de l’Etat. Mais sont également des monstres tous ceux qui auraient profité de leur promiscuité avec le pouvoir pour s’attirer des avantages immérités au détriment du peuple.
Ce n’est plus un secret pour personne que chaque régime à ses privilégiés qui parfois profitent des circonstances et du pouvoir pour brimer ou pour poser des actes qui engendrent des grincements de dents au sein des populations. Tout ceci parfois à l’insu de Chef de l’Etat. Sont également des monstres, ceux qui profitent de leur appartenance au régime en place pour se livrer à des actes de règlement de compte de manière sournoise sans jamais s’imaginer qu’ils seront dévoilés un jour. Sont des monstres, ces fonctionnaires qui par excès de zèle en vue de plaire au Chef de l’Etat ont semé des pleurs dans plusieurs familles.
Certes, Olivier Boko est peut-être le plus virulents des monstres fabriqués par le pouvoir de Patrice Talon mais il y en a certainement bien d’autres qui répondront de leur mesquinerie avec le temps.
Edouard ADODE