Dans la conception du commun des peuples africains, le fruit attendu de toute union entre deux personnes de sexes opposés, est un enfant ou parfois même des enfants. Ce qui constitue généralement une pression sur bon nombre de couples surtout quand les années passent et que la conception prend du temps à se réaliser après le mariage. C’est alors que la vie semble perdre de sens pour des personnes qui se sont juré de s’aimer toute leur vie. Le bonheur que procure l’amour tourne facilement au vinaigre au point que la culpabilisation prenne le dessus sur la contemplation des plaisirs.
Mais le drame, c’est quand malgré la fécondité de certains couples, le bonheur ne soit pas toujours au rendez-vous. C’est pratiquement un paradoxe quand des foyers se voient malheureux juste parce qu’ils n’ont pas encore enregistré la naissance d’un mâle parmi leur ribambelle. Ils sont nombreux ces hommes et femmes qui sont prêts à tout sacrifier pas seulement pour avoir un enfant mais pour avoir un héritier.
Ainsi, dans cette recherche effrénée d’un ‘héritier, d’aucuns multiplient les naissances sans limite comme s’il s’agit d’un défi à relever coûte que coûte même si cela nécessite de défier la nature elle-même. On fait recours à tous les moyens possibles pourvu que l’héritier vienne au monde. C’est la cause de plusieurs mariages polygamiques non prévus au départ. Profitant de cette soif non justifiée mais ancrée dans les esprits du fait de la société patriarcale dans laquelle nous vivons, certaines femmes n’hésitent pas à mettre en jeu leur dignité pour combler cette attente de l’homme surtout quand ce dernier présente une certaine assise financière.
Mais a-t-on réellement besoin de se donner autant de peine juste pour avoir un garçon parmi ses enfants ? En réalité, non ! Puisqu’il n’est plus un secret pour personne que la femme vaut autant que l’homme dans notre société moderne et surtout en matière d’utilité. Si jadis, la crainte de la perte du nom de famille constituait le motif principal qu’on évoquait pour justifier cette soif d’avoir au moins un héritier parmi ses enfants, cette crainte ne devrait plus exister puisque les lois permettent aujourd’hui d’attribuer le patronyme de la femme à son enfant. De même, en matière d’héritage, légalement, tous les enfants y participent en toute égalité. Il en est de même pour ce qui concerne le travail.
D’ailleurs, il est de plus en plus reconnu qu’avoir une fille est plus bénéfique pour les parents dans leurs vieux jours qu’avoir un garçon. Vaines sont donc les peines et les insomnies que certains se donnent juste pour qu’un mâle porte leur nom. L’essentiel est d’accepter l’enfant qu’on a sans distinction de sexe tout en lui assurant un bel avenir à travers une bonne éducation qui fera de ce dernier une solution pour la société qu’un problème pour l’humanité. C’est là, le vrai défi pour tout parent, et c’est de ce défi que découle la fierté d’être père ou mère.
Edouard ADODE