Le vendredi 2 mai dernier, veille de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, Reporter Sans Frontière (Rsf) a rendu public son traditionnel classement au titre de l’année 2025. Dans ce classement qui permet de jauger l’état de santé de la liberté de la presse dans chaque pays du monde, le Bénin perd sept places en passant de la 89e à la 92e. Ce qui est le premier score de la presse béninoise sous la 7e mandature de la Haute Autorité de l’Audio-visuel et de la Communication (Haac) présidée par Edouard Loko. Ainsi, ce classement est publié au moment où la Haac a entrepris une vague de réformes en vue de redorer le blason de la presse béninoise qui bat de l’aile depuis quelques années.
Après le bond qualitatif réalisé en 2024 en passant de la 112e à la 89e place, la performance du Bénin dans le classement de Rsf au titre de l’année 2025 est un recul de trois places. Ce qui révèle la situation de la liberté de la presse au Bénin au moment où la 7e mandature de la Haac s’approche de la fin de sa première année. Cette régression de la liberté de la presse au Bénin est certainement une conséquence des premiers actes de la Haac présidée par Edouard Loko qui dès son installation a promis de « ramener l’église au milieu du village ».
Des casses sur le chantier de la restauration
Ainsi, il a entrepris des réformes difficiles pour l’assainissement de l’arène médiatique au Bénin. Cette opération d’assainissement a conduit à la fermeture de bon nombre d’espace d’expression de la liberté. Inutile de rappeler la sanction infligée au journal Le Patriote de Marcel Zounmènou, à la page tik tok dénommée Madame Actu ainsi qu’à Reporter Média Monde de Pesce Hounyo. Dans la foulée, les médias n’ayant pas une existence légale au Bénin ont été sommés de se conformer après leur fermeture. Par la suite, c’est le site Bénin web Tv qui a été lourdement sanctionné après un bras de fer épistolaire entre le média et l’instance de régulation. De même, le dossier de la suspension du groupe de presse la gazette du Golf hérité de la 6e mandature de la Haac n’a pas encore connu un nouvel ordre. Cette ambiance semble renforcer la peur instaurée par le code du numérique dans certaines de ses dispositions.
Le signe annonciateur d’une aube nouvelle
Mais, loin d’être une faiblesse pour la presse béninoise, ce recul peut aussi traduire une stratégie pour un retour en force de la liberté de la presse au Bénin puisque nul ne contexte la pertinence de cette œuvre d’assainissement. D’ailleurs, cette œuvre d’assainissement a longtemps été le vœu de toute la corporation si on se réfère à ses différents états généraux. Ainsi, le recul sonne comme la cassure des œufs qui reste indispensable pour l’obtention d’omelette. C’est certainement la grande obscurité qui annonce l’arrivée d’une aube nouvelle pour la presse béninoise.
Toutefois, à côté de l’effort d’assainissement en cours qui est de plus en plus corroboré par des annonces d’autres actions d’éclat à l’instar du retour imminent de l’aide de l’Etat à la presse et des partenariats prometteurs décrochés çà et là par Edouard Loko ; si les acteurs des médias ne prennent pas suffisamment conscience de leur responsabilité, la remontée dans les prochains classements de Rsf pourrait être difficile. Ainsi, « dans un monde en perpétuel mouvement, où les défis se multiplient, votre rôle de gardiens de l’information, exercé avec courage, responsabilité, intégrité et un dévouement sans faille, est absolument essentiel », l’a si bien rappelé Edouard Loko lors de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse. La prise de conscience de cette réalité par chaque professionnel des médias est donc déterminante dans la réalisation de l’idéal commun de la presse béninoise.
Edouard ADODE