La bataille engagée par Patrice Talon pour le retour au bercail des biens culturels spoliés dans le royaume du Danxomè lors de la colonisation vient de porter encore son fruit. Le tabouret rituel du roi Béhanzin emporté par le Général Dodds et qui s’est finalement retrouvé dans un musée de la Finlande est revenu sur sa terre d’origine le mardi 13 mai dernier. Ce qui ramène à 27, les objets royaux rapatriés sous le leadership du président Patrice Talon.
Cependant, quand on regarde tout le ballet diplomatique qui a abouti à la restitution de ce minuscule tabouret, et ce que ce retour aurait coûté à la caisse de l’Etat béninois, d’aucuns se demandent si cela en valait vraiment la peine. Certes, nul ne peut contester la valeur historique du Kataklè qui est un témoin silencieux de ce que fut le royaume du Danxomè avant l’invasion coloniale. Les dépenses liées à la restitution de ce minuscule tabouret, aussi minimes qu’elles pourraient être, paraient ainsi plus luxueuses qu’utiles et urgentes surtout quand on sait que le Bénin regorge toujours de génies pour fabriquer des milliers d’autres tabourets du genre mais qui ont du mal à vivre décemment de leur art.
Dans un pays où des malades sous dialyse ne cessent de crier au secours au quotidien pour continuer à se faire soigner, chaque dépense publique devrait beaucoup répondre soit, à une urgence soit, à une nécessité vitale.Dans un pays où des femmes accablées par de petites dettes font recours au suicide, signe de leur désespoir ; chaque dépense publique devrait avoir pour finalité l’amélioration des conditions de vie des populations, et non pour orner des musées qui en réalité ne font la fierté d’une minorité. Dans un pays où des femmes enceintes préfèrent accoucher à la maison que de se rendre à l’hôpital, chaque dépense publique devrait viser le bien-être de tous et non la satisfaction de la soif de luxe de l’élite.
Alors, bienvenue au Kataklè du roi Béhanzin qui ajoute un grain d’orgueil diplomatique à la rupture, mais le peuple continue d’espérer retrouver toute sa dignité avec des perspectives plus prometteuses.
Edouard ADODE