La fraternité, c’est un lien qu’on ne choisit pas mais qu’on découvre dès que chaque enfant commence à prendre conscience de son environnement immédiat. Dès que chaque enfant commence à associer un nom à chaque visage, le sentiment qui le lie à chacun se manifeste et se solidifie par les événements qui jonchent le cours de toute vie. Plus tard au cours du parcours terrestre, les circonstances de la vie et parfois par alliance, chacun se crée d’autres relations qui prennent plusieurs noms, soit c’est l’amitié, soit c’est le mariage, soit c’est la confraternité ou soit la collégialité.
Mais ce qui reste une vérité surtout dans bon nombre de peuples africains, est qu’aucune des autres relations ne peut égaler celle qui lie les frères et sœurs. D’ailleurs, c’est ce qui justifie l’adage selon lequel, « on peut avoir des anciens amis, d’anciens époux ou épouse, d’anciens confrères ou collègues ; mais jamais on ne peut avoir d’ancien frère ». Un frère reste ainsi un frère quoi qu’il arrive. Des frères et sœurs peuvent se haïr ou même se détester, mais ils restent des frères jusqu’à la mort.
Quand bien même, la fraternité est de plus en plus confrontée à toutes formes d’épreuves qui tentent de la vider de ses sens originels, elle traverse le temps et l’espace. Ainsi, elle ne garantit pas toujours la confiance qui devrait être l’une de ses marques. La fraternité n’est forcément toujours pas le gage de la solidarité encore moins du pardon. Il n’est pas rare de voir des frères ou des sœurs se haïr à la mort. Ce qui amène certaines personnes fort de leurs expériences à jurer ne jamais faire du bien à ceux avec qui elles partagent des liens de sang.
Dans cette société où la fraternité est sérieusement éprouvée, d’autres relations tentent de la remplacer pour assurer l’équilibre à l’homme. Par conséquent, il y a des fois que l’on tombe sur des amis qui valent que des frères. Des amis qui inspirent mieux confiance et avec qui la solidarité a tout son sens. Quand bien même dans bien des cas, ces relations se transforment en des mirages au grand dam de ceux qui y mettent toute leur foi, la trahison venant d’un ami fait toujours moins mal que celle qui porte la signature d’un frère.
Alors, il est bien évident qu’aucun lien de vie n’est si parfait au point de s’y fier totalement. Aussi fort que soit le lien entre les humains, il finit par s’user, soit sous l’effet du temps, sous la pression de la jalousie, soit face à l’épreuve de la cupidité. Ainsi, si jamais l’un de ces liens de vie sans lesquels l’homme perd son équilibre dans cet océan, arrive à résister à la puissance de l’argent, au piège de la femme et au zèle du pouvoir, il pourra subsister pour toujours.
Edouard ADODE