Ce n’est plus un secret pour personne que le mariage entre l’Union Progressiste (Up) et le Parti du Renouveau Démocratique (Prd) ne se porte pas bien. C’est du moins ce qu’on peut retenir de la dernière correspondance de Maître Adrien Houngbédji en date du 2 juin dernier en réponse au ministre de l’intérieur qui notifiait au Secrétaire Général Adjoint du Prd que ce parti n’existe plus sur l’échiquier politique béninois. Dans sa réponse, Adrien Houngbédji exhibe les preuves de l’existence de son parti, en insistant sur la date de l’obtention du récépissé définitif du Prd qui est postérieure à l’accord de fusion, et la non dissolution du Prd et de l’Up. Tout en appelant à l’abrogation de l’accord du 21 octobre 2022, l’ancien président de l’Assemblée nationale propose une autre forme de collaboration entre son parti et celui de Joseph Djogbénou.
Mais, ce qui intrigue plus d’un dans la démarche de Maître Adrien Houngbédji est le timing de son réveil. Ce réveil, loin d’être une réclamation légitime, sonne comme un acte de vengeance contre Joseph Djogbénou voire contre la réforme du système partisan qui a totalement déplumé le Prd pour le contraindre à la fusion. D’ailleurs, dans la réponse adressée au ministre de l’intérieur, le patriarche d’Adjarra n’a pas pu cacher ce désir de vengeance par rapport à la disqualification de son parti aux législatives de 2019 qu’il attribue à une manœuvre politique de Joseph Djogbénou. C’est donc à croire qu’au-delà de récupérer son parti politique, Adrien Houngbédji tient à fragiliser l’Up le Renouveau dans son fief et ainsi démontrer l’inefficacité de la réforme du système partisan.
Certes, il sera difficile pour Maître Adrien Houngbédji de récupérer son Prd en état puisque déjà dans sa décision Dcc 25-071 du 6 mars dernier la Cour Constitutionnelle dont les décisions ne sont susceptibles d’aucun recours précise la subrogation de l’Up et Prd par l’Up le Renouveau. Mais avec cette posture, Adrien Houngbédji pourrait constituer une entrave pour l’Up le Renouveau dans certaines circonscriptions électorales de l’Ouémé et du Littoral.
Un passé versatile, trop lourd pour Houngbédji
Cette situation est loin d’être surprenante pour qui connaît l’histoire de Maître Adrien Houngbédji avec les alliances politiques au Bénin. Depuis l’Union fait la Nation (Un) mise en place à la veille des municipales de 2008 à l’Up le Renouveau en passant par les récents basculements d’Adrien Houngbédji, le patriarche d’Adjarra reste un allié politique imprévisible dans les griffes desquelles Joseph Djogbénou se retrouve. En effet, étant l’un des cofondateurs de l’UN, l’ancien président de l’Assemblée nationale va se retirer de l’Union juste après sa défaite à la présidentielle de 2011. Dans le même élan, avant même de rompre définitivement les amarres avec l’Up le Renouveau, il se montre déjà plus proche de Boni Yayi à qui il avait tourné le dos après que le dauphin de ce dernier ait perdu l’élection présidentielle de 2016.
Ainsi, ce passé inconstant de Me Adrien Houngbédji jette du discrédit sur sa démarche actuelle quand bien même il soulève des questions pertinentes sur la procédure administrative d’enregistrement du parti Up le Renouveau et le non renouvellement de ses instances dirigeantes.
Edouard ADODE