Limogé du gouvernement du président Patrice Talon le jeudi 26 juin dernier pour avoir tenu quelques jours plus tôt des propos qui laissent peser des soupçons de graves malversations financières sur le département ministériel dont il a hérité de Samou Séïdou Adambi, Paulin Akponnan revient au-devant de la scène à travers un communiqué. Dans ce communiqué de presse, le désormais ancien ministre de l’eau, de l’énergie et des mines tente de justifier sa déclaration et son intention. Mais, dans cet exercice, le successeur d’Adambi semble s’enfoncer davantage tout en compliquant la tâche à son parti politique le Bloc Républicain (Br) en particulier et à la rupture en général.
Edouard ADODE
Face aux difficultés d’accès à l’eau potable et à l’électricité des populations de certains quartiers de Parakou, Paulin Kingnidé Akponnan, ministre de l’eau, de l’énergie et des mines à l’époque, n’a pas hésité à insinuer une opération de siphonage du budget national comme cause de la situation. Il a bien précisé que le Chef de l’Etat Patrice Talon a déjà mobilisé tout le fonds nécessaire pour que ces quartiers ne soient plus dans cet état mais du fait des « siphonneurs du budget national », « des aventuriers politiques », des « incapables » et des « délinquants de la République », ces populations subissent ce calvaire qu’il traite même de « criminel ». Cette déclaration a suffi pour que le séjour d’Akponnan au sein du gouvernement du président Patrice Talon s’arrête.
C’est face aux premières conséquences de sa déclaration que l’ancien ministre sorte un communiqué pour se justifier et présenter ses excuses à son prédécesseur à la tête de ce département ministériel, Samou Séïdou Adambi. Un geste qui à première vue traduit le regret de l’homme et combien il reste humble malgré l’inconfort que lui a valu cette déclaration. Certainement, par ces excuses, l’expert-comptable pense corriger le tir et calmer les esprits.
Un communiqué aggravant
Mais, ce communiqué est encore loin de l’effet escompté par son auteur. Au contraire, il jette davantage de discrédit sur le parti Bloc Républicain (Br) auquel appartient les deux anciens ministres ainsi que sur la réputation de la rupture. Dans son communiqué, l’ancien ministre se noie davantage en insinuant que « les interprétations données par les uns et les autres -à juste titre-de mes propos tendent à accuser mon prédécesseur ». Alors que dans la déclaration à l’origine de son malheur, il a bien donné des références qui, sans équivoques renvoient à Samou Séïdou Adambi.
Dans un premier temps, lors du meeting politique en question, l’ancien ministre indiquait, « je suis véritablement triste de me retrouver dans un quartier ou dans un arrondissement de Parakou sans eau et sans électricité, après autant d’investissements ou de mobilisation de ressources par le gouvernement du président Patrice Talon au profit du ministère de l’énergie, de l’eau et des mines de 2016 à ce jour ». Il va plus loin en précisant « ce que je vois ici à Parakou est criminel quand on sait que des fils de cette localité ont été mis devant la gouvernance en matière d’eau et d’électricité au profit de nos populations ».
Alors, si on s’en tient à la référence 2016-2025 évoquée dans la déclaration initiale, qui sont ces fils de Parakou qui « ont été mis devant la gouvernance de l’eau et de l’électricité » au Bénin dans cette période ? A cette interrogation, la réponse est d’office Samou Séïdou Adambi. « Aucune preuve ne sous-tend mes propos si ce ne sont des souvenirs des cas dont je ne suis pas témoin et qui sont pendants devant la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (Criet) », prétend le ministre éphémère dans son communiqué tandis que dans sa déclaration à Korobororu, il précisait que son constat vient des visites de terrain. Il enchaînait d’ailleurs, en remerciant le ministre conseiller Rachidi Gbadamassi, « parce qu’il est en train de mettre au grand jour ce que ces délinquants de la République ont caché au président Patrice Talon ».
Alors, tout porte à croire que l’ancien ministre Paulin Akponnan est décidé à se noyer et à noyer également son parti ainsi que le pouvoir de la rupture. Par ce communiqué en guise d’excuses, l’ex ministre se livre ainsi à un exercice qui semble être dénudé de toute volonté personnelle mais qui vise plutôt à embrouiller les esprits alors que Samou Adambi a déjà porté cette affaire devant la justice et les députés de l’opposition exigent une enquête parlementaire.