Le Directeur de Publication (Dp) du quotidien La Boussole, Cosme Hounsa, est depuis le mardi 15 juillet dernier secoué par un ouragan. Il a été interpellé par la police républicaine suite à une plainte du ministre-conseiller Rachidi Gbadamassi dans l’affaire Paulin Akponna. Après un bref séjour en garde à vue au commissariat central de Parakou, le patron du quotidien La Boussole a été transféré, le mercredi 16 juillet dernier, devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (Criet). Il est poursuivi pour des faits de « harcèlement par voie électronique ».
Au terme d’un échange téléphonique entre la rédaction du quotidien Daabaaru et le plaignant, il ressort que le journaliste aurait tenté d’opposer le Buffle du Borgou à l’ex-ministre de l’Énergie, de l’Eau et des Mines, Samou Séïdou Adambi. Ce que Gbadamassi n’aurait pas digéré, car cela l’aurait mis mal à l’aise. Selon les explications livrées par l’ancien député Rachidi Gbadamassi à la rédaction de Daabaaru, le journal La Boussole aurait tenté de l’incriminer comme étant celui qui aurait demandé au ministre éphémère, Paulin Akponna de tenir des propos contre son frère Adambi. À l’en croire, ces propos ont porté atteinte à sa réputation. « Je me sens mal dans mon être. Il a sali ma réputation et mon honneur », a-t-il confié.
Face à cette arrestation, l’Association des Journalistes exerçant dans le Septentrion du Bénin (Ajs-B) se montre inquiète. Pour elle le rôle du journaliste ne se résume pas seulement à informer. Il est vrai que sa mission principale est d’informer mais aussi « d’interroger l’action publique, de poser les débats et d’éclairer l’opinion dans le respect de l’éthique et de la déontologie professionnelle ».
« Les faits sont sacrés, mais les commentaires sont libres », a rappelé l’Ajs-B dans son communiqué. Ainsi, quelle que soit la nature du commentaire, le journaliste Cosme Hounsa ne devrait en aucun cas fait l’objet d’une poursuite judiciaire, estime Albérique Houndjo, Président de cette association. « Les opinions exprimées dans le cadre d’une publication de presse, qu’elles plaisent ou non, ne doivent en aucun cas fait objet de représailles pénales de quelque nature que ce soit. Toute tentative de judiciarisation du travail journalistique constitue une menace pour la démocratie, l’Etat de droit et la responsabilité publique », peut-on lire dans le communiqué de l’Ajs-B.
C’est le lieu pour elle d’exprimer sa solidarité à toute la rédaction du journal La Boussole et de réitérer son engagement à œuvrer pour que la liberté de la presse retrouve ses lettres de noblesse au nord Bénin. Pour cela, l’Ajs-B « reste mobilisée pour accompagner toutes les démarches nécessaires au respect des libertés professionnelles, notamment dans le septentrion ».
Emile SINGBO