A des moments forts de sa gouvernance, le chef de l’État Patrice Talon se montre ouvert aux dialogues quand bien même il semble accorder la priorité à l’action qu’à la parole. Ainsi, parfois sur son initiative ou à la demande de l’opposition, des échanges sont organisés au palais de la Mariana autour des sujets qui fâchent dans la République. Mais, ces échanges qui commencent souvent sur un ton cordial, virent très vite au cauchemar laissant pour certains un goût de triomphe et pour d’autres un goût amer. La dernière rencontre du Chef de l’État avec certains jeunes béninois n’échappe pas à cette règle.
Loin de la première image qu’il a donnée à l’aube de son pouvoir, le chef de l’Etat Patrice Talon n’est pas totalement fermé au dialogue sur les sujets de grande préoccupation de son peuple. Il l’a déjà démontré à plusieurs reprises, soit face aux syndicalistes, soit face aux leaders politiques de tout bord et surtout face à l’opposition. Chaque fois que le besoin se fait sentir, le chantre de la rupture n’hésite pas à ouvrir ses portes à ceux qui ne partagent pas son mode de gouvernance quand bien même il n’est pas encore prêt à opter pour les assises nationales que les voix de l’opposition demandent avec insistance.
Mais au cours de ces dialogues, très vite le chef de l’Etat fait basculer ces échanges en un cauchemar pour ses contradicteurs. Nul n’ignore la mine d’Adrien Houngbédji lors de cette rencontre du Chef de l’Etat avec les représentants de la classe politique à la veille des législatives de 2019. Même avec son talent, d’avocat, le président du Prd sur la question des voyous sur la liste de son parti, a été obligé de conclure hâtivement par des « Ah…Ah… ». Les Secrétaires Généraux des centrales syndicales savent bien quelque chose de ce cauchemar qu’on vit en face de Patrice Talon quand on se retrouve dans la posture de contradicteurs. Il en est de même pour l’ancien président Boni Yayi qui ne manque pas sa dose de frustration chaque fois qu’il se rend au palais de la Marina dans la peau d’opposant.
Dans un style propre à lui qui consiste à partir des mots de ses contradicteurs pour tourner ces derniers en dérision, Patrice Talon a infligé le même sort au Secrétaire National à la Communication du parti Les Démocrates, Guy Mitokpè. A la tête de la délégation des jeunes de son parti qui a pris part aux échanges avec le chef de l’Etat le lundi 28 juillet dernier, Guy Mitokpè n’a pas eu d’autre choix que de se montrer studieux face aux démonstrations du maître des lieux. C’est à sa sortie du palais de la Marina que le tonitruant opposant va retrouver ses esprits pour justifier son attitude par une exigence morale.
Alors, s’engager dans un dialogue avec Patrice Talon se révèle de plus en plus comme un risque pour l’opposition qui a toujours de la peine à tenir dans ce jeu. Il reste certainement le tour de Candide Azannaï qui semble être évité par la rupture malgré la récente demande publique d’un débat contradictoire formulée par l’ancien ministre délégué à la défense qui souhaite affronter Talon sur n’importe quel sujet de son choix.
Edouard ADODE