Comme la fête de vodoun dénommée » Vodoun days », le Festival des masques est une initiative mise en place pour valoriser la culture et promouvoir le tourisme béninois. Les samedi 2 et dimanche 3 août dernier ont marqué la deuxième édition de cette initiative. Déroulé à Porto-Novo, ville capitale du Bénin, ce beau plat de spectacle et d’animation riche en couleurs avec des costumes divers, a rassemblé de nombreux invités. Il s’agit des meilleurs artistes de la Côte d’Ivoire, du Nigeria, du Bénin, des invités venus de ces pays et d’autres continents.
Ce festival qui a attiré les habitants des localités du Bénin et du reste du monde est marqué par plusieurs activités qui l’ont rendu mémorable. C’est dans une atmosphère douce et conviviale que onze divinités ont valorisé la culture et le tourisme béninois au cours de ces deux jours d’affilés. Il y avait le masque Guèlèdè avec ses costumes aux couleurs vives ; les Egoun-goun, divinités qui symbolisent l’esprit des morts; le Zangbeto, connu sur son titre de gardien de la nuit dont l’arrivée est toujours saluée par des chansons traditionnelles et des panégyriques.
Les ivoiriens n’ont pas manqué d’honorer leur présence à travers la présentation de l’une de leurs divinités. Il s’agit du masque Zaouli du peuple Gouro. Ce masque fait trait d’une femme rayonnante qui se traduit par la finesse du masque et son élégance. « C’est un masque de femme, mais la femme n’a pas la force pour danser. L’homme danse donc à sa place. La femme ne peut pas aller là où le masque Zaouli apparaît. Il y a une signification dans ce que vous voyez », a expliqué un des dignitaires du peuple Gouro.
Il y a eu 400 divinités qui ont défilé sous le regard admiratif des spectateurs sous la direction du metteur en scène Didier Sèdoha. Ce dernier a tout chorégraphié. « Nous avons travaillé dans la pensée du « Zounbgo », la grande forêt, où, dans mon imaginaire, les divinités trouvent leur espace d’expression. Tout le parcours est considéré comme étant un parcours de forêt », a-t-il décrypté.
Les visiteurs venus d’autres continents n’ont pas raté de faire savoir leur impression. « C’était très joli, avec beaucoup d’énergie », a lancé l’un d’entre eux. Une autre affirme à son tour, « je suis très heureuse d’avoir découvert ce festival avec toute cette diversité de danses et de masques ». « C’est trop beau ! Dans mon pays, on ne danse pas comme ça ! », a laissé entendre un troisième.
Pour Wenceslas Adjognon, il y a une culture, une histoire et un fonctionnement qui se cachent derrière tous ces masques. « Quand vous allez dans une famille, dans une collectivité, vous allez voir des représentations avec des sculptures. Le plus souvent, dans nos sociétés traditionnelles, ces sculptures représentent quelque chose : soit des ancêtres éponymes, soit parce que ce masque-là est destiné à la protection d’une collectivité, pour avoir la fertilité, la richesse… Chaque masque a forcément son utilité, contrairement à ce qu’on peut penser et que ce seraient juste des objets décoratifs », a-t-il précisé. Il continue en disant, « Nous avons beaucoup, beaucoup, beaucoup de masques sacrés. Je pense que les béninois se reconnaissent clairement dans les masques et c’est d’ailleurs ce qui a justifié que nous y dédions clairement un Festival à part entière. Le masque, comme le Vaudou, a souvent été utilisé pour effrayer. Mais ça, c’est dû aux histoires, on va dire, de conquête coloniale. Si le gouvernement a choisi, par exemple, de procéder aux Vodun Days, ça fait partie de la démystification qu’on veut faire de certaines choses, d’arrêter de nous faire culpabiliser sur nos pratiques ancestrales et de considérer que, aujourd’hui, on doit absolument, soit être à la mosquée, soit être à l’Église, pour faire partie de la cité, alors que nos ancêtres ont pratiqué cette religion vaudou et ces arts pendant des centaines d’années. Donc, c’est aussi une réappropriation de notre culture ».
José AHOUANTO (Stg)