Dans le but de faire le point des actions menées dans la lutte contre le mariage précoce des enfants dans le département du Borgou, la préfecture de Parakou a accueilli, le mercredi 6 août dernier, une rencontre entre le préfet Djibril Mama Cissé et les principaux acteurs stratégiques des communes. Cette rencontre constitue une pause stratégique visant à faire le point des avancées enregistrées, à cerner les défis encore présents et à définir des perspectives plus structurées, plus cohérentes et plus concertées. Elle est une initiative du préfet du Borgou, en synergie avec le chef de zone du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (Unicef) Parakou, Barnard Agbangla, et la Directrice Départementale des Affaires Sociales et de la Micro-finance du Borgou (Ddasm), Kpotéina Noma Seteyi.
Hamdalath ADAM(Stg)
« Il prive les filles de leur adolescence, interrompt leur scolarité, affecte leur santé physique et mentale, et les enferme dans un rôle pour lequel elles ne sont ni prêtes ni préparées », affirme le préfet pour décrire les conséquences du mariage précoce. Il a ensuite fait un retour sur l’état des lieux de la situation dans le Borgou à sa prise de fonction en 2016. Pour lui, les indicateurs n’étaient guère reluisants en matière de protection des droits des enfants, en particulier des filles, à son investiture. « En 2016, lorsque je prenais les rênes du département, le Borgou était pratiquement en tête de tous les départements du Bénin avec un taux de 51,8 % », déclare-t-il. Cette situation déplorable a poussé l’autorité préfectorale à prendre rapidement plusieurs initiatives en concertation avec les différents acteurs de la chaîne de protection des droits de l’enfant pour inverser la tendance. La séance lui a donc permis de présenter le bilan des actions menées dans ce sens. Le point culminant de ce bilan est la mise à disposition des registres de célébration de mariages par le préfet au niveau des mosquées, des localités du Borgou et autres lieux de célébration de mariages, ainsi que dans les campements agro-pastoraux.

Sans transition, le chef du bureau de zone Unicef Parakou a salué les initiatives du préfet. C’était l’occasion pour lui de mettre l’accent sur l’impact des actions menées par les acteurs impliqués dans cette lutte. Pour lui, ces actions phares ont induit des changements significatifs. Elles ont notamment facilité l’adhésion totale de tous les leaders musulmans et élus communaux à l’initiative, ainsi que l’enregistrement, en 2022, de 5 187 demandes de mariages, dont 425 ont été rejetées pour défaut d’âge légal. À l’en croire, les efforts fournis ont porté leurs fruits . « Les efforts fournis ont contribué à la réduction de près de 8 points du taux de mariages d’enfants dans le département entre 2014 et 2022 », a-t-il affirmé.
De son côté, la Ddasm, Kpotéina Noma Seteyi, a déploré le phénomène du mariage précoce des enfants. Selon elle, c’est un fléau qui détruit en silence le bien-être et l’avenir des enfants. Mais, bien que le mal ait atteint un stade avancé, il peut être combattu. « Ce fléau peut être combattu efficacement si chacun, à son niveau, joue pleinement son rôle », a-t-elle rassuré.
Les participants ont exhorté les imams et autres acteurs du cadre religieux et socio-culturel présents à faciliter les choses. Il est important de souligner que chaque commune a dressé le bilan du niveau d’avancement des actions lors de cette séance.