La souveraineté est le bouclier derrière lequel bon nombre d’Etats se cachent pour se soustraire à leurs devoirs afin de couvrir leur ‘’voyoucratie’’. Même des grandes nations n’échappent pas à cette réalité qui très souvent fragilise le droit international et surtout les accords internationaux. C’est au nom de la souveraineté que des Etats qui devraient servir de modèles dans plusieurs domaines pour la survie de la planète, se refusent de ratifier certains traités ou parfois ne tiennent pas compte des clauses des accords auxquels ils ont librement consenti.
Ainsi, bien qu’elle soit un élément important dans l’auto affirmation de chaque peuple, la souveraineté ouvre la porte à toutes sortes d’erreurs qui plus tard perturbent le bien-être des peuples. C’est elle qui justifie la création de l’Alliance des Etats du Sahel (Aes) avec un lendemain incertain. D’aucuns parleront de souveraineté aveuglée qui veut rompre le pont avec des relations séculaires de manière fantaisiste.
Pour le président Patrice Talon, point besoin de couper des ponts de partenariat avant d’affirmer sa souveraineté. Il estime qu’on peut bien traiter souverainement avec les autres sans se mettre dans une posture belliqueuse. Mais quand bien même cette vision de Patrice Talon comporte une certaine sagesse pacifiste, elle semble perdre de vue certaines réalités des relations internationales basées sur la loi du plus fort. Quel sens peut-on donner à la souveraineté des Etats qui n’ont pas la possibilité d’avoir leur propre monnaie ?
Alors, au-delà de tout semblant d’égalité que les grandes puissances tentent de montrer dans leurs rapports avec les autres, la souveraineté des Etats africains qui croupissent sous le poids du franc Cfa restera une utopie tant qu’ils n’ont pas la possibilité d’avoir leur propre monnaie. Ainsi, traiter avec les autres en les regardant droit dans les yeux est un pas important, mais reste insuffisant quand la question de la monnaie demeure.
Edouard ADODE