Occupant géographiquement une position stratégique pour toutes les régions du Bénin, la ville de Parakou voit sa population se diversifier à grande vitesse. Ainsi, la métropole du nord Bénin s’illustre merveilleusement comme une terre d’accueil pour tous les groupes ethniques qui s’y installent. Mais de plus en plus, des regroupements à caractère ethnique tendant à renforcer le clivage entre autochtones contre »étrangers » voient le jour sous prétexte d’association de développement. Des récentes actualités de trois grands de ces regroupements à la veille des joutes électorales de 2026 suscitent des interrogations voire même des inquiétudes.
Le 16 août dernier, des fils et filles de deux quartiers de la commune de Parakou se sont retrouvés pour mettre sur pied une association dénommée en langue Dendi « Kparakou Wangara », ce qui signifie Parakou la ville. Selon les discours officiels, l’initiative vise à créer un creuset de retrouvailles des enfants de Yéboubéri et de Yarakinnin, les autochtones de la ville afin d’œuvrer pour le changement de la mauvaise image de ces quartiers réputés « sauvages ». Ce creuset se veut donc une association de développement. Dans le règlement intérieur de cette association, il ne suffit pas de résider dans ces quartiers pour prétendre y adhérer mais, il faut d’abord y être originaire de père ou de mère.
Quelques jours seulement après la création de cette association d’autochtones, les responsables de la Fédération des Associations des Ressortissants de l’Atacora-Donga (Farad) de Sylvestre N’tcha et la Fédération des Ressortissants de l’Ere Culturelle Adja-Tado de Basile Sonounamèto se sont rencontrés. A l’issue de cette rencontre, il est annoncé que ces associations regroupant les allochtones de la ville devront désormais conjuguer leurs efforts bien qu’elles ne partagent pas les mêmes identités culturelles.
Ainsi, quand bien même, ces regroupements et approchements n’ont rien d’illicite, ils méritent d’être suivis de près dans leur nouvel élan surtout en cette veille des élections générales de 2026, afin de ne pas constituer un frein au développement de la commune cosmopolite de Parakou par des éléments de langage qui pourront fragiliser le vivre-ensemble. Certes, l’utilité de ces genres de regroupement n’est plus à démontrer surtout en matière de promotion de la solidarité et de la perpétuation des valeurs traditionnelles des peuples loin de leurs terroirs d’origine. Mais, très vite si on n’y prend pas garde, ces regroupements pourraient servir à des causes politiques déguisées clivant les discours officieux entre autochtones et ceux qui sont abusivement considérés comme des ‘’étrangers’’ dans leur propre pays.
Alors, puisque le niveau de développement de la ville de Parakou nécessite le dépassement de ces considérations ethniques qui pourraient tenter de colorer les choix politiques et préjudiciable au vivre-ensemble, il est impérieux pour les responsables de ces associations de veiller au grain. Ainsi, au-delà des festivités qu’organisent ces associations, elles pourraient être plus utiles à la ville en accompagnant les autorités municipales dans l’amélioration des recettes fiscales de la commune à travers des sensibilisations à l’endroit de leurs membres. Elles s’illustreraient mieux par des actions sociales de développement telles que les dons de mobiliers scolaires, de construction ou de réfection de salles de classe ou encore par la mobilisation de fonds au profit de certains projets phares de la commune.
C’est alors qu’elles mériteraient plus d’attention et serviraient réellement au développement de la ville.
Edouard ADODE