Le samedi 4 octobre dernier au stade omnisports de Parakou, quatre partis de la mouvance présidentielle ont procédé à l’investiture de leur duo de candidats à la présidentielle d’avril 2026. Ainsi, le duo composé de Romuald Wadagni et de Mariam Chabi Talata est officiellement investi pour porter les couleurs de la mouvance présidentielle. Mais une fois cette étape dépassée, le candidat Romuald Wadagni doit faire face au mystère caché derrière les larges sourires politiques qui sont loin d’être des signes de soutien. Réussir à percer ce mystère est déterminant dans la suite de la marche vers la victoire en 2026.
C’est au détour d’une cérémonie superbement orchestrée que le duo candidats de la mouvance présidentielle pour 2026 est investi à Parakou. Du point de vue organisationnel, la cérémonie est une référence surtout en matière de respect du chronogramme et de la gestion de l’espace. Tout a été si bien orchestré que nul ne s’est senti fatigué ou ennuyé pour avoir fait le déplacement du stade municipal de Parakou. L’Union Progressiste le Renouveau (Upr), le Bloc Républicain (Br), le Mouvement des Elites Engagées pour l’Emancipation du Bénin (Moele-Bénin) et la Renaissance Nationale (Rn) ont réussi à conjuguer leurs efforts pour relever le défi de la mobilisation et dans la beauté.
Mais au-delà de sa beauté, cette cérémonie laisse clairement transparaître un mystère caché derrière les larges sourires politiques qui feignent un soutien au duo candidats. A travers la lecture de la décision de chacun des partis politiques, organisateurs de l’événement ainsi que les discours de leurs présidents, il est aisé de constater combien le processus ayant conduit au choix du duo est presqu’inexistant ou banalisé. Seul le président de Moele-Bénin, Jacques Ayadji, dans son discours a pu retracer un processus clair qui a commencé depuis 2023 au sein du parti avec des dates précises et des rapports de plusieurs instances de sa formation politique ayant nommément désigné Romuald Wadagni comme candidat. Quant aux autres, tout porte à croire qu’il s’agit d’une marche forcée dont les pas sont dictés par une voix extérieure aux partis et entérinés par un rapport laconique pour répondre à une exigence protocolaire.
Plus loin, au sein des militants mobilisés pour la circonstance dont les applaudissements sont suscités par des têtes de proue, les discours officieux contrastent avec ceux officiels devant les caméras. Il en est de même pour certains leaders politiques rencontrés sur les lieux qui, préférant s’exprimer dans leurs dialectes entre eux, se vident réciproquement comme contraints de soutenir le duo malgré eux. Pour bon nombre, le profil du candidat ne pose aucun problème, mais le mystère qui entoure le processus de sa désignation frustre plus d’un. Militants et leaders invités à la cérémonie, sont surpris de constater qu’à l’issue de l’investiture du candidat de leur parti qu’ils soient toujours incapables d’expliquer le processus ayant abouti à ce choix à ceux qui n’ont pas pu effectuer le déplacement !
A tout ceci s’ajoute la posture du candidat lui-même qui semble avoir compris que dans ce contexte, derrière les sourires politiques, peut se cacher une réalité horrible. A cette cérémonie d’investiture, le candidat s’est montré très réservé vis-à-vis des chefs de partis qui lui ont fait l’honneur de le choisir bien qu’il n’appartient à aucune de ces formations politiques. A aucun moment de la cérémonie, le candidat n’a jugé utile de s’approcher de ces derniers pour les serrer les mains en signe de sa gratitude bien qu’ils étaient tous sur la même estrade.
Certes, cette attitude du candidat Romuald Wadagni pourrait être justifiée par le stress de ce grand moment auquel il n’est pas habitué. Toutefois, elle pourrait être un acte inconscient qui révèle des murs de méfiance entre le candidat et les leaders politiques.
Edouard ADODE