Nommés en conseil des ministres du 13 juillet 2022, les neuf membres de l’Autorité de Régulation du secteur de la Santé (Ars) au Bénin ont été installés dans leurs fonctions le 12 septembre de la même année. Une fois installée, l’Ars, sous la houlette du Docteur Lucien Dossou-Gbété s’est mise à l’œuvre pour s’attaquer aux tares du système sanitaire du Bénin à travers des réformes qui ont suscité assez d’espoir dans le rang des usagers des hôpitaux publics comme privés. Trois ans après la mise en place de cet organe directement rattaché à la présidence de la République, de grands changements sont notés dans la gouvernance des hôpitaux publics au Bénin mais le chemin est encore long.
Une marche sûre vers l’idéal
Après plusieurs diagnostics et évaluation du secteur de la santé au Bénin, le gouvernement béninois a opté pour la mise en place de l’Ars afin de garantir aux patients des soins de qualité et en toute sécurité. Ceci pour mettre fin à une époque où le médecin se croit roi et tout permis. Ainsi, très vite plusieurs décrets sont pris pour situer chaque acteur du système sanitaire par rapport à ces droits et devoirs de manière à assurer une bonne gouvernance dans les établissements de soin qu’ils soient privés ou publics. Des règles particulières sont définies pour la gouvernance des hôpitaux publics à travers le décret N° 2020 – 498 du 07 octobre 2020 portant règles d’organisation et de fonctionnement des hôpitaux publics.
Ce décret fixe des conditions d’accès aux différents postes de responsabilité au sein des hôpitaux publics sous le contrôle de l’Ars. Ainsi, n’est plus Directeur ou chef service dans un hôpital public qui veut mais plutôt qui peut avec des profils bien définis. « Le choix du directeur, des directeurs techniques ou des chefs de service dans les hôpitaux publics tient compte de la compétence avérée de la personne à nommer, de sa moralité, de sa disponibilité à assurer la fonction, de ses performances individuelles dans son parcours, de son aptitude à offrir davantage d’efficacité sur la base d’un contrat d’objectif “, prévoit ledit décret dans son article 6. A cet effet, il est prévu la révocation du directeur en cas d’insuffisance de résultat ou de non-respect des pratiques et valeurs de gouvernance suite à une évaluation annuelle. De même, une cellule indépendante de contrôle de gestion est créée dans chaque hôpital public.
Plus loin, pour faire de la bonne gouvernance des établissements publics de santé une réalité au Bénin, l’Ars a édité un dispositif sur la sécurité des patients. Elle a parcouru tous les départements aux fins de rendre accessible le contenu dudit dispositif aux usagers des hôpitaux. En plus de cette campagne de sensibilisation, des numéros verts sont affichés dans ces hôpitaux pour dénoncer des situations et comportements préjudiciables aux patients. Ces actions démontrent à suffisance combien, le souci de la bonne gouvernance des hôpitaux publics préoccupe le gouvernement béninois.
Mais, le chemin est encore long
Ce vœu est encore loin d’être la chose la mieux partager dans toutes les formations sanitaires du public. Certes, il est de notoriété publique de constater que la relation entre professionnel de santé et patient s’est beaucoup améliorée dans les hôpitaux publics du Bénin ces dernières années. Toutefois, par endroit et par moment, il n’est pas rare de constater la résurgence de certaines vieilles habitudes surtout quand le patient ou ses parents affichent certaine ignorance.
Ces vieilles habitudes qui empiètent sur la sécurité des patients et par ricochet sur l’atteinte de l’idéal de la bonne gouvernance, sont plus remarquables dans les zones rurales où le taux d’analphabétisme est plus élevé. De même, au nom de la solidarité, bon nombre d’actes répréhensibles du personnel soignant sont souvent très vite réglés à l’amiable à l’insu des autorités en charge de ces hôpitaux. D’autres parents de patient ayant subi des préjudices graves dans les hôpitaux se résignent de dénoncer tout en se remettant au sort ou estimant qu’il s’agit de la volonté de Dieu surtout quand il y a le décès de la victime.
Ce qui appelle une intensification des actions d’éveil de conscience à l’endroit des populations et l’application des sanctions exemplaires aux brebis galeuses qui continuent de vivre en marge du train de la modernisation conduit par Dr Lucien Dossou-Gbété et son équipe.
Edouard ADODE