A l’occasion de la dernière session ordinaire de la 9e législature de l’Assemblée nationale, une proposition de la loi visant à modifier la constitution est déposée sur la table des députés. Cette proposition cherche à insérer dans le dispositif institutionnel du Bénin un Sénat qui sera essentiellement composé des anciens présidents de la République, de l’Assemblée nationale, de la cour constitutionnelle et autres pour servir d’arbitre en cas de crise. Mais, ne partageant pas cette innovation qu’il voit comme une menace aux acquis de la démocratie, l’ancien président Boni Yayi appelle les députés de son parti à voter contre cette proposition.
A travers une note adressée aux 22 députés restants de son parti politique, l’ancien président ne trouve pas opportune la création d’un Sénat au Bénin. Il refuse même d’y aller siège au cas où il sera effectif puisque pour lui cette institution est antidémocratique et manquera de légitimité. Il trouve qu’un Sénat dans le contexte béninois sera contraire aux principes fondamentaux de séparation des pouvoirs et pourrait se révéler comme un instrument conçu « pour servir un seul homme » contre l’intérêt général.
Mais si on s’en tient aux nombreux ballets des anciens chefs d’Etat en vie au palais de la Marina à la recherche de compromis autour de certains sujets cruciaux de la vie de la République, c’est à croire que Boni Yayi semble être en train passer à côté d’une aubaine pour l’accomplissement de certains de ses vœux notamment la libération des ‘’prisonniers politiques’’ et le retour des ‘’exilés’’. C’est d’ailleurs, à l’issue de l’une de ses rencontres avec son successeur Patrice Talon que l’idée de formaliser un creuset d’échange entre anciens et nouveaux présidents a été émise.
Ainsi, le rejet systématique de cette idée de la création du Sénat pourrait être l’expression du mécontentement de Boni Yayi du fait des déboires que connaît son parti politique ces derniers temps-ci. Certes, l’ancien président peut craindre de se retrouver en minorité dans cette institution au regard de sa composition, toutefois, son rejet systématique ressemble à une politique de la chaise vide.
Il serait donc plus louable de la part de l’ancien président de la République de formuler des propositions d’amendements sur certains aspects de cette nouveauté avant de décliner l’offre au cas où il ne serait pas écouté.
Edouard ADODE












