Au cours de la campagne pour la présidentielle de 2016, le candidat Patrice Talon démontrait clairement que le bilan d’un président n’est pas déterminant pour sa réélection dans un petit pays comme le Bénin. Ainsi, en défendant l’idée de mandat unique, il fait clairement savoir dans son passage à la télévision nationale que la réélection d’un président en exercice dépend plus de « sa capacité à soumettre tout le monde… C’est la manière dont il tient les grands électeurs, la manière dont il tient tout le monde, c’est la manière dont personne n’est capable de lui tenir tête, d’être compétiteur contre lui. Quand vous n’avez pas de compétiteur, vous avez beau être mauvais, vous serez réélu ».
Alors, au regard des conditions dans lesquelles s’est déroulée la présidentielle de 2021 qui a consacré la réélection du chef de l’Etat Patrice Talon, on peut déduire que cette formule posée par le candidat gagnant de 2016 s’est avérée. Ce n’est d’ailleurs un secret pour personne que le bilan du chef de l’Etat en 2016, était loin d’être le facteur déterminant de sa réélection. Mais, il avait tout simplement réussi à maîtriser les grands électeurs qui étaient obligés pour certains de prendre le chemin de ‘’l’exile’’ au moment où d’autres se sont retrouvés en prison. Les restes ont été si plumés de sorte que leur poids était loin de faire douter le candidat Patrice Talon qui a rempilé sans coup férir.
Mais, pour la présidentielle de 2026, cette formule est-elle encore applicable ? On est tenté de répondre par la négation puisqu’il ne s’agit plus d’une réélection. Toutefois, certains indices font penser au contraire surtout quand on constate que bon nombre de ceux qui pourraient influencer les choix pour arrêter la rupture se retrouvent en prison, et aucune lueur d’un retour au bercail n’est visible du côté de ceux qui ont entre-temps pris la poudre d’escampette pour conserver leur liberté.
Par conséquent, le dauphin de Patrice Talon pourrait aussi se retrouver sur un boulevard sans compétiteur de taille et sans avoir à défendre le bilan de son mentor.
Edouard ADODE