Face aux nouveaux enjeux et défis de la jeunesse africaine ces deux dernières décennies surtout en matière d’emploi et de réussite sociale, plusieurs offres de formations en développement personnel circulent. Ces formations visent généralement à offrir aux jeunes des outils pour l’éclosion de leur plein potentiel afin de mieux relever les défis de leur temps. Mais au regard de la multiplicité des coachs, les formations pour le développement personnel tendent à devenir une filière ouverte à tous. Ce qui suscite parfois des doutes sur la qualité des contenus et même sur leur impact réel sur ceux qui s’abonnent à ces écoles.
Emile SINGBO
Un coach en développement personnel « c’est simplement un monsieur ou une femme qui raconte des histoires. Et à force de raconter les histoires, les gens tirent des enseignements dedans. Telle est la définition que propose le coach Patrick Armand Pognon, professeur Emérite en Coaching Intégral, Président Recteur de l’Université du Coaching, Président de l’Association Fiad Monde, Président de l’Ordre des Coachs en Développement Intégral.
C’est un travail si simple, mais qui demande assez d’effort et dont l’utilité n’est plus à démontrer. Le coach est donc une personne qui aide chacun à découvrir sa véritable nature et à réveiller le champion qui dort en lui. Il est doté de plusieurs qualités comme l’humilité de savoir, sa capacité à amener les gens à voir des conséquences avant leur prise de décision. Ainsi, le coach en développement personnel joue un rôle catalyseur pour l’accomplissement de soi. Il intervient dans tous les domaines de la vie.
De la nécessité du développement personnel
Pour le Coach Ibrahim Affo, le « développement personnel n’est pas lié à l’entrepreneuriat. Quand on parle de développement personnel, c’est sur quatre (4) dimensions que sont, physique, mentale, émotionnelle et spirituelle ». Nadège Akpona, Docteur en sociologie anthropologie à l’Université de Parakou, le définit comme « un ensemble d’outils logistiques qui permet à l’individu de prendre confiance et de mieux se valoriser en tant qu’entité sociale à part entière. De son côté, Véronique Gnonlonfin, psychologue clinicienne à Kandi souligne que le développement personnel est « l’art de vivre qui peut être volontaire ou involontaire à travers un travail sur soi pour une existence de qualité. » Ces différentes définitions montrent clairement que le développement personnel n’est pas seulement l’apanage de l’entrepreneuriat. Il est une nécessité pour tous ou du moins pour ceux qui aspirent à un mieux-être dans la société.
« Le développement personnel couvre tous les domaines de la vie sans exception. Tu peux être un mécanicien, un journaliste, un athlète le développement personnel va te permettre de découvrir de nouvelles choses dans ton domaine, d’accroître tes connaissances, de développer tous tes sens et d’explorer d’autres dimensions de ton corps », clarifie le coach Affo. Ainsi donc, le développement personnel est très important à tout être vivant. C’est une éducation à laquelle tout le monde doit faire recours afin de libérer son plein potentiel. « Culturellement, le développement personnel n’est pas une nouvelle invention. Du point de vue anthropologique et culturel il fait de vous un homme, un « Ogboni » en yoruba », confie la sociologue. « Et c’est grâce à ce cheminement que vous devenez à la fin de votre vie un véritable ancêtre », a-t-elle ajouté. Le coach Armand Pognon, reçu sur la télévision ivoirienne Rti, va plus loin en confirmant que tous les africains sont des coachs naturellement. « Depuis 25 000 ans au moins, nous avons retrouvé des traces de développement personnel en Afrique du Sud… », fait-il remarquer.
Sur le plan psychologique, il permet à l’individu d’avoir « une meilleure gestion des émotions, une meilleure santé mentale, à avoir moins d’affection psycho-sociale et une meilleure qualité de vie », précise la psychologue. De même, le développement personnel est très utile pour tout individu. Car « il valorise le potentiel, les talents de la personne qui en fait l’usage et ça lui permet de se concentrer sur ses aspirations profondes afin d’améliorer sa vie dans tous ses aspects », complète la psychologue clinicienne.
Selon le coach Ibrahim Affo, la première conséquence liée au manque du développement personnel est l’ignorance. « On croit tous savoir et fini par ne rien savoir », déplore-t-il. Il faut noter aussi la stagnation. Par manque du développement personnel, le goût de la recherche du savoir est progressivement tué dans l’individu. De surcroît, le manque de développement personnel provoque chez l’individu « une baisse de confiance en soi, manque de concentration, faible croissance de ses potentiels et une mauvaise qualité de relation avec les autres », d’après Véronique Gnonlonfin, psychologue clinicienne.
De la prolifération des coachs
Au regard de cette grande importance du développement personnel, on assiste à une prolifération des coachs en Afrique. Ainsi, après avoir lu un certain livre du développement personnel et suivi quelques vidéos de motivations, beaucoup s’autoproclament coachs. Dans la réalité, ces derniers n’ayant reçu aucune formation de base, ont parfois tendance à conduire leurs auditeurs dans le décor. Même si « un travail d’encrage est en train d’être fait au Bénin », selon Armand Pognon, le phénomène persiste toujours jetant du discrédit sur les offres de formation en développement personnel et sur le coaching.
Le Président de l’Association Fiad Monde rappelle donc que le bon coach se démarque par sa soif de savoir, « par le fait qu’il ne joue pas à je connais ». Il invite tous ceux qui aspirent au coaching en développement personnel à se faire former. Le coach Pognon souligne que le coaching peut se faire de façon amateure, mais pour le faire de façon professionnelle, il faut l’apprendre. « Aujourd’hui en Afrique, il y a la possibilité de faire la licence, le master et le doctorat en coaching », a-t-il affirmé.
Au demeurant, la multiplicité des coachs sur le marché justifie pleinement le besoin en formation en développement personnel. Mais, il est urgent d’assainir le milieu pour extirper du rang des vrais coachs les vendeurs d’illusion qui profitent de la naïveté des uns et des autres pour les escroquer par des formations qui n’apportent pratiquement rien à ceux qui les reçoivent.