Le 118 n’est plus, depuis quelques années, le seul numéro de téléphone pour contacter les sapeurs pompiers au Bénin. En plus de ce numéro vert, il existe également des contacts départementaux et régionaux qui servent de canaux à la population pour solliciter le secours en cas de sinistre. Mais, bien que l’ajout de plusieurs numéros payants à l’unique numéro vert semble être justifié, il constitue en même temps une entrave majeure par moment pour l’intervention à temps des soldats du feu. C’est également la manifestation d’un retard technologique pour le Bénin.
La mise en place de ces contacts constitue une réforme dont le but ne manque pas de pertinence au vu des arguments qu’avancent les responsables des casques rouges du Bénin. Elle vise d’abord à rapprocher les secours de la population à travers le raccourcissement du processus et limiter des appels fantaisistes des citoyens indélicats. À en croire différents commandants des unités de sapeurs-pompiers, les services d’appel des pompiers recevaient, par le passé, abondamment de fausses alertes d’incendie, d’accidents de circulation et d’autres cas de sinistres en raison de la gratuité d’appel vers le 118. Ce qui occasionnait des dépenses inutiles pour le contribuable suite à des déplacements des pompiers sur des lieux avant que ceux-ci ne se rendent compte que ce n’était que du bluff.
Bien que cette réforme ait une certaine pertinence, celle-ci ne manque pas pour autant des couacs qui mettent parfois en péril la vie des citoyens et donne même de fil à retordre aux responsables des groupements de sapeurs-pompiers.
La mise en place de la multiplicité de contacts pour les sapeurs-pompiers nécessite en un premier temps d’énormes efforts au niveau des soldats du feu pour la vulgarisation de ces contacts départementaux et régionaux. La preuve, chaque commandant d’unité de sapeurs-pompiers ne laisse passer aucune opportunité pour rappeler à la population le numéro qui leur donne accès aux différentes unités départementale et régionales.
Ensuite, au niveau de la population, c’est un véritable casse-tête. La multiplicité de numéro ne facilite pas la tâche à la population pour des raisons pratiques. Par exemple, un chauffeur qui réside dans la ville de Parakou se trouverait dans un labyrinthe quand il aurait besoin de contacter l’unité de Zou où il rencontrerait un sinistre lors de son déplacement.
En dehors de la multiplication de contacts qui constitue un problème, la longueur des numéros vient accentuer le désarroi de la population même si la possibilité d’enregistrer le contact de son département au niveau de son répertoire de téléphone constitue un palliatif. Pire, que ferait un citoyen face à un sinistre au moment où il ne dispose pas de data ou « crédit d’appel » puisque ces nombreux contacts des sapeurs-pompiers ne sont pas des numéros Verts ?
Impuissant, il assistera à une tragédie alors qu’on sait qu’en matière d’urgence, chaque seconde compte. Ce qui amène à dire que le Bénin a un retard technologique en la matière.
Un retard technologique à rattraper
Il reste beaucoup de chemin à faire au Bénin en matière d’appel d’urgence en cas de sinistre. Car, il serait utile de mettre en place un système d’appel unique et facile à retenir, tel que le 118, qui est déjà utilisé au Bénin et dans de nombreux pays dans le monde. Cela permettrait de simplifier l’accès aux services d’urgence et de réduire les risques de retard dans la réponse.
Il suffit de mettre en place un système où c’est le lieu géographique de l’appelant qui détermine la destination de l’appel. L’expérience d’une entreprise spécialisée dans le transport urbain en commun au Bénin constitue déjà une preuve de la faisabilité de ce projet. En effet, lorsqu’un client appelle le numéro unique connu sur toute l’étendue du territoire national pour cette entreprise, c’est l’employé le plus proche de l’appelant qui reçoit le coup de fil en vue de satisfaire la demande. Ainsi, avec un peu d’effort, les ingénieurs de télécommunication pourraient aider les sapeurs-pompiers béninois à se mettre au pas de l’évolution technologique. Toutefois, le sens civique des populations reste primordial pour éviter de compliquer la tâche à ces vaillants soldats du feu qui parcourent les routes jour et nuit pour sauver des vies.
Kassim MAMA