Lors d’un récent meeting politique à N’Dali, le président du parti Union Progressiste le Renouveau (Upr), Joseph Djogbénou et la Vice-présidente de la République (Vpr), Mariam Chabi Talata, se sont prononcés sur la question du reversement des Aspirants au Métier d’Enseignant (Ame). Leur réponse à ces hommes et femmes qui constituent la colonne vertébrale de l’école béninoise et qui sont sans avenir, a été un pavé dans la mare. Ainsi, des organisations syndicales se sont très vite saisies de cette affaire pour exprimer leur amertume. Ce qui a aussitôt poussé le Porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji à sortir pour tenter de calmer les esprits. Mais au-delà des émotions suscitées, la déclaration de N’Dali vient mettre une pression sur Patrice Talon qui s’apprête à passer le témoin.
« Si nous faisons par démagogie le reversement, la route que nous faisons jusqu’à Malanville nous aurons des problèmes, nous aurons des problèmes d’électricité, d’eau, d’infrastructures, d’industrialisation, de transformation des produits », a lancé Joseph Djogbénou aux Ame depuis N’Dali face aux militants de son parti. A ses côtés, la Vpr Mariam Chabi Talata enfonce le clou en ces termes, « on ne va pas céder aux pressions qui ne tiennent pas compte des impératifs liés à l’obligation de résultats dans l’enseignement pour prendre des décisions. Moi je trouve que c’est une sorte de chantage. Vous êtes 30.000 et que derrière vous, il y a 3 millions mais derrière tous les Béninois, il y 14 millions. Parmi eux il faut assurer l’éducation de qualité à plus de 7 millions, 8 millions de Béninois ». Ces déclarations ont mis ces enseignants en grand nombre dans le système éducatif béninois dans tous leurs états. A travers plusieurs déclarations, ils n’ont pas caché leur déception et combien ils se sentent davantage humiliés dans la République.
Face à ce bruit des Ame, le porte-parole du gouvernement prend le contre-pied des deux déclarations qui sonnent comme un coup de poignard dans le cœur de ces pères et mères de famille dont la carrière est jusque-là sans lendemain après plusieurs années de travail avec des résultats convaincants. « Le gouvernement a dit que c’est au budget 2025 qu’on va commencer. On est encore en 2025. Si ça change, je viendrai vous dire que ça a changé et je vous dirai pourquoi ça a changé », a fait savoir Wilfried Léandre Houngbédji. Le porte-parole rassure de ce que cette promesse est bien d’actualité du côté du gouvernement.
Ainsi, la pression devient forte sur le Chef de l’Etat Patrice Talon pour la tenue de sa promesse à l’égard de ces enseignants qui ne rêvent que de devenir agents contractuels de l’Etat pour ne pas donner raison à Djogbénou et Talata qui semblent avoir dit la vérité. A travers les déclarations de N’Dali, les yeux sont donc davantage rivés sur le Chef de l’Etat au sujet de ce qu’il fera de sa promesse à ces enseignants qui ont déjà bu le calice jusqu’à la lie.
Edouard ADODE