Il est universellement reconnu que le langage auquel la femme est la plus sensible est celui de la douceur et surtout de la compréhension. Il n’est d’ailleurs un secret pour personne que toutes les femmes veulent être comprises, même dans leurs désirs les plus saugrenus, tandis que tout homme ne recherche que le respect. Ainsi, rien ne rend la femme plus sensible que quand elle se sent comprise par son homme. Elle se sent plus en sécurité que lorsqu’il lui manifeste de l’attention, même quand elle devient ennuyante et collante. Il est donc plus facile pour quiconque sait caresser les oreilles de la femme par des mots doux de la dompter au point de lui faire oublier le ciel et la terre. Donne alors de la tendresse à ta femme, et elle en demandera encore.
Mais sous nos cieux, cette vérité n’est vérité que dans les premières heures de l’amour. Ces heures pendant lesquelles, par peur de perdre la bataille face aux autres concurrents, l’homme se montre ingénieux dans ses sentiments envers sa dulcinée. Dans ces premières heures de l’amour, chaque homme se montre doux et mielleux au point de faire croire à la femme les promesses les plus irréalistes. C’est dans ces premières heures de l’amour que l’homme se montre très attentionné et plus protecteur à l’égard de sa femme.Une fois cette étape dépassée, la tendresse cède rapidement la place à une caresse sauvage qui semble traduire la masculinité sous nos tropiques. Cette caresse se décline à travers une inattention accrue aux sentiments de sa compagne et des gestes rugueux.
L’attention devient plus focalisée sur les défauts cachés qui, en réalité, étaient toujours bien présents, mais ne se voyaient pas à cause des mille et une étoiles qui brillaient à l’époque dans les yeux des deux tourtereaux.Sous la pression de la société, qui prend la tendresse de l’homme envers sa femme dans le mariage comme un signe de faiblesse ou de perte de sa masculinité, la femme est exposée à toutes sortes de violences qu’elle est appelée à supporter en silence pour ne pas paraître insoumise à son homme. Fuyant le regard de la société, elle se voit obligée de s’adapter à cette caresse sauvage sans rechigner. Quand, par mégarde, des défenseurs des droits de la femme tentent de s’immiscer dans cette affaire pour jouer au messie, elle est la première à refuser toute aide extérieure sous prétexte de son amour pour son homme.Combien y a-t-il de femmes qui, pour un caractère ou une faute, ont chaque fois le visage défiguré sous les coups de poing d’un mari qui se croit roi ? Et pourtant, elles préfèrent cet enfer dans une atmosphère dépourvue de tout dialogue et de tendresse, juste pour ne pas s’exposer au regard pesant de la société sur les mères célibataires ou les divorcées.
On pourrait penser que seuls les hommes très peu ou non civilisés ont l’apanage de cette caresse sauvage. Mais, erreur ! Même des hommes d’une certaine classe sociale s’y plaisent aussi bien, tout en affichant un aspect très sérieux et sympathique au-dehors. De même, des femmes bien cultivées se laissent phagocyter par cette caresse répugnante.
Ainsi va la vie dans nos sociétés africaines, dans lesquelles la défense des droits de la femme se résume à de beaux discours dans les sphères publiques sans changer grand-chose dans la réalité.
Edouard ADODE












