Le 6 avril 2016, le Bénin entrait de plain-pied dans une nouvelle ère de sa vie démocratique. Cette nouvelle ère est marquée par la fin des deux mandats constitutionnels de l’ancien président Boni Yayi à la tête du pays et le début des deux de Patrice Talon placés sous le sceau de la rupture et du nouveau départ. Ainsi, le nouveau locataire du palais de la Marina de 2016 s’est très vite lancé dans des réformes difficiles qui éprouvent des vieilles habitudes. Neuf ans après le démarrage de cette aventure qui s’apparente à une marche forcée pour plus d’un, les résultats restent controversés par rapport aux attentes de départ.
Edouard ADODE
En moins d’un an, le second mandat de Patrice Talon à la tête du Bénin sera à son terme. Contre vents et marées, le Chef de l’Etat vient de boucler neuf ans de gestion du pays le 6 avril dernier. Des neuf années de gestion du pouvoir d’Etat par le chantre de la rupture, le Bénin peut se féliciter de nombreux acquis dans plusieurs domaines de la vie de la République. De l’économie à la politique en passant par les infrastructures routières et industrielles, des traces indélébiles de développement sont remarquées un peu partout dans le pays. De même, les chiffres macro-économiques témoignent de la résilience et des exploits du Bénin grâce à la gouvernance de Patrice Talon.
La douleur dans la marche
Mais au même moment, d’aucuns se désolent de cette marche contraignante vers le développement en se référant à certaines décisions qui font grincer les dents dans le rang des populations. À ce chapitre, il est souvent évoqué les déguerpissements des populations des abords des voies dans les premières heures du pouvoir. Quand bien même, la pertinence de la mesure est saluée, le gouvernement semble avoir péché dans la méthode. La fermeture de certaines sociétés d’Etat à l’instar de la Société Nationale de Commercialisation des produits Pétroliers (Sonacop), la Société Nationale pour la Promotion Agricole (Sonapra), le Complexe Textile du Bénin (Coteb) et bien d’autres, est évoquée pour déplorer cette marche vers le développement.
Une marche au résultats controversés
Au chapitre politique, dans cette marche vers le développement, plusieurs hommes et femmes politiques se retrouvent en prison et d’autres hors du pays. Ce qui est perçu pour les uns comme les effets de la lutte contre l’impunité, et pour d’autres, comme de l’oppression politique. Ces neuf années de la rupture laissent des inquiétudes dans les cœurs des uns en ce qui concerne le niveau d’endettement du pays, tandis que pour d’autres, il s’agit plutôt d’un signe prometteur de la bonne santé de l’économie béninoise qui rassure sur le marché financier. Pour ces derniers, « on ne prête qu’aux riches ».
Les inquiétudes semblent être grandes à l’évocation des lois électorales qui pour l’opposition et une bonne partie de la société civile notamment le clergé catholique, comportent des ambiguïtés compromettantes pour la paix. La controverse est encore plus visible quand le social sous la gouvernance de la rupture est évoqué. Lorsque certains peinent à toucher du doigt les fruits du projet Assurance pour le Renforcement du Capital Humain (Arch) tant vanté surtout pour ce qui concerne son volet Assurance maladie ; le micro-crédit Alafia, l’élargissement du programme de cantine scolaire à plus d’écoles, les efforts pour la disponibilité de l’eau potable dans plusieurs localités, des fonds alloués au filles en situation difficile dans le système scolaire, rassurent de l’attention que porte le gouvernement au mieux-être des populations.
Au demeurant, durant ces neuf dernières années, le président Patrice Talon a réussi à baliser le terrain pour ses successeurs en matière de réformes difficiles quand bien même le progrès réalisé est encore loin de le porter en triomphe. Toutefois, son passage à la tête du Bénin s’inscrit déjà en lettre d’or dans maints domaines.