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EDUCATION FINANCIERE : Le maillon qui échappe au système éducatif béninois ! .Qu’attendre d’une jeunesse financièrement non éduquée ?

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Dans un monde en constante évolution, l’éducation financière, en tant qu’ensemble de connaissances et de compétences nécessaires pour une meilleure gestion de l’argent de manière efficace et efficiente, s’avère indispensable. Cette nécessité ne se limite pas seulement aux adultes. Elle s’étend bien évidemment aux enfants ainsi qu’aux jeunes et doit être une culture à inculquer à tout individu. Mais elle échappe de plus en plus aux acteurs du système éducatif formel bien que le besoin se fait pressant.

Emile SINGBO

Savoir bien gérer son argent n’est pas donné à tout le monde quand bien même c’est le désir de tous. D’où la nécessité de l’éducation financière qui reste un levier important pour l’épanouissement des uns et des autres. Mais la notion de l’éducation financière reste encore vague dans bon nombre d’esprit. D’ailleurs, le Docteur en économie, Aimé Kocou Dadégnon, de l’Université d’Abomey-Calavi fait remarquer qu’« on peut avoir un doctorat sans être bien éduqué financièrement. La preuve est qu’il y a beaucoup d’illettrés qui réussissent mieux que les intellectuels en matière de gestion de leurs finances ». « Franchement, je n’ai reçu aucune expérience ou connaissance en matière d’éducation financière », confie Jérémie Awessou, vendeur de livres à Parakou. Pour l’institutrice Caurine Essè, « les parents nous ont déjà inculqué l’éducation financière depuis le bas âge. Parce que quand ils nous donnaient de l’argent pour le petit-déjeuner, ils nous achetaient souvent des caisses et nous disaient d’épargner pour les fêtes. Donc ça, selon moi, c’est déjà l’éducation financière qu’ils voulaient nous inculquer. »

De la nécessité de l’éducation financière

Au regard des contraintes économiques sans cesse croissantes, l’éducation financière devient incontournable puisqu’elle implique plusieurs paramètres. A cet effet, Pierre Sahgui, Directeur de l’Organisation Non Gouvernementale (Ong) Map Afrique, fait comprendre qu’elle « désigne l’acquisition de connaissances et de compétences nécessaires pour prendre des décisions éclairées concernant la gestion de ses finances personnelles. Cela inclut la compréhension de concepts tels que, le budget, l’épargne, l’investissement, le crédit et la planification financière ».

Eduquer financièrement un individu est une importante clé pour son épanouissement financier. Comme le confirme le coach en entreprenariat, Ibrahim Affo pour qui « l’éducation financière est essentielle pour assurer une stabilité personnelle et collective. Elle permet de mieux gérer son argent, de réduire le stress et d’éviter de nombreux pièges économiques. C’est « un pilier fondamental pour une gestion saine de la vie personnelle et professionnelle. Elle aide les individus à mieux comprendre et gérer leurs finances, à faire des choix judicieux. Elle est très importante tant pour les individus, les familles, les associations, la vie communautaire que pour la nation », va renchérir l’économiste-chercheur, Dr. Aimé Kocou Dadégnon. Il va plus loin en soulignant que « dans un pays, quand les citoyens sont bien éduqués financièrement, l’État a de la facilité à collecter les impôts et taxes divers, puisque ses citoyens en connaissent l’utilité et se planifient en conséquence pour les payer à bonne date. »

L’éducation financière, la responsabilité de tous

Etant donc un pilier essentiel pour l’économie, elle nécessite l’intervention de tous les acteurs du système éducatif pour sa réussite. Ainsi, éduquer financièrement un enfant est en premier lieu le devoir des parents. Comme l’a si bien compris Louisette Aguidissou, opératrice économique et mère de quatre enfants en initiant très tôt ses enfants aux petites activités commerciales, leur permettant ainsi d’avoir le goût à l’entrepreneuriat.

Au-delà des parents, l’apport des autres acteurs du système éducatif formel reste important. A cet effet, le spécialiste en éducation financière, Pierre Sahgui, pense que l’État a un rôle clé à jouer dans la promotion des politiques publiques favorables à l’éducation financière à travers le financement de programmes d’éducation financière accessibles à tous, en collaboration avec les organisations non gouvernementales et le secteur privé. « L’État doit vraiment mettre l’accent sur l’éducation financière. Car aujourd’hui, beaucoup de jeunes veulent entreprendre, mais n’ont pas compris les bases essentielles », déplore le Directeur de l’Ong Map Afrique. Tout comme lui, Dr. Dadégnon trouve que c’est une tâche qui doit nécessiter l’appui technique, financier et autre de l’État pour rendre cette éducation plus accessible à tous, en vue de limiter les conséquences, compte tenu de son importance. Car « avec une population bien éduquée financièrement, l’État pourrait avoir une certaine facilité à collecter les impôts et bien d’autres ressources », a-t-il rappelé.

Des dégâts du manque d’éducation financière

Toutefois, il est important de préciser qu’un manque d’éducation financière peut engendrer d’énormes conséquences. À ce sujet, l’économiste-chercheur indique que « les personnes non éduquées financièrement sont plus susceptibles de mal gérer leurs finances et de s’endetter excessivement. Sur le plan collectif, le manque d’éducation financière peut exacerber les inégalités économiques. À l’échelle nationale, il peut limiter la création d’entreprises et donc d’emplois ; il peut conduire à une faible mobilisation des ressources fiscales et, par ricochet, à une baisse des investissements publics, et donc de la croissance économique ».

Ce manque d’éducation est souvent dû à l’inattention des parents. « Le problème est que, de plus en plus, les mamans qui étaient chargées de ces aspects traditionnellement ont aujourd’hui investi le marché du travail », explique Dr. Nadège Akpona, sociologue à l’Université de Parakou. « Les dynamiques sociales aujourd’hui font que cette forme d’éducation tend à disparaître, même s’il faut reconnaître qu’elle se fait sous d’autres modalités dans nos villes », a-t-elle précisé tout en souhaitant que des curricula de formations sur l’éducation financière soient introduits dans les programmes scolaires à tous les niveaux.

Pour sauver les générations à venir, de nombreuses Ong mènent des actions de sensibilisation dans des familles, des villages, des villes, dans des écoles et ateliers pour attirer l’attention des uns et des autres sur l’importance de la question. Map Afrique a entrepris plusieurs actions, à savoir « l’éducation continue à travers l’organisation de formations régulières pour les membres des communautés, la recherche-action qui encourage l’autonomie financière et autres », évoque Pierre Saghui.

Il est donc clair que l’éducation financière est plus qu’une nécessité pour le Bénin en vue de faire des enfants d’aujourd’hui des adultes financièrement épanouis de demain.


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