Pour apprécier l’état nutritionnel d’un individu, plusieurs indicateurs peuvent être utilisés, dont l’Indice de Masse Corporelle (Imc), qui est le plus simple et le plus connu. Cependant, il présente des limites et ne peut pas être appliqué dans tous les cas. Le Professeur Adébayo Alassani, Maître de conférences agrégé en médecine interne au Centre Hospitalier Universitaire Départemental/Borgou-Alibori (Chud/Ba) et enseignant d’endocrinologie et de nutrition à l’Université de Parakou, éclaire sur les différents indicateurs et insiste sur les limites de l’Imc. Lisez-plutôt.
Edwige MONNOU
LGR : Qu’est-ce que l’Indice de Masse Corporelle (Imc) et comment le calcule-t-on ?
Professeur Adébayo Alassani : L’Imc est un indicateur qui permet d’apprécier si le poids d’un individu est proportionnel à sa taille. Pour le calculer, on divise le poids qui est en kilogramme (kg), par la taille en mètre élevée au carré.
Je donne un exemple, si une personne a un poids de 60 kg et une taille de 1m50, pour calculer son Imc, on fait le rapport entre son poids, qui est 60 kg, et sa taille, qui est 1m50 au carré.
Soit Imc = 60 / (1,50) ², ce qui fait 26,66 kg/m².
LGR : Comment apprécie-t-on l’état nutritionnel à partir de l’Imc ?
Professeur Adébayo Alassani : L’Indice de Masse Corporelle permet d’apprécier l’état nutritionnel qui correspond à la résultante entre les apports et les dépenses énergétiques d’un individu. La valeur normale est comprise entre 18,5 et 25 kg/m². Les sujets dont l’Imc se situe dans cet intervalle ont un bon état nutritionnel.
Si l’Imc en dessous de 18,5 kg/m², on parle de dénutrition. Entre 25 et 30 kg/m², il s’agit du surpoids. Mais lorsque l’Imc atteint ou dépasse 30 kg/m², il s’agit de l’obésité. En fonction du degré de gravité, l’obésité est classée en trois stades, obésité de type I, Imc compris entre 30 et 34,9 kg/m² ; obésité de type II, Imc compris entre 35 et 39,9 kg/m² et l’obésité de type III avec un Imc supérieur ou égale à 40 kg/m²
Il existe deux grandes formes d’obésité à savoir l’obésité globale, appréciée par l’Imc lorsqu’il est supérieur ou égal à 30 kg/m² ; et l’obésité abdominale, appréciée par le tour de taille, supérieur ou égal à 94 cm chez l’homme et supérieur ou égal à 80 cm chez la femme.
LGR : Quelle est la fiabilité de l’Imc dans l’appréciation de l’obésité ?
Professeur Adébayo Alassani : L’Imc est un bon indicateur pour apprécier l’état nutritionnel. Cependant, il n’est pas fiable et n’est pas valable chez tout le monde. Par exemple, chez la femme enceinte à partir du 2ᵉ trimestre ; chez les femmes allaitantes ; chez les sujets qui ont des œdèmes ; chez les enfants de moins de 5 ans ; chez les handicapés moteurs, surtout au niveau des membres pelviens ; chez les grands sportifs (les boxeurs, les haltérophiles, etc.), on ne peut pas utiliser l’Imc.
Pour les sportifs, l’Imc peut être utilisé pour apprécier la dénutrition et un bon état nutritionnel. Par contre, pour ce qui est de l’obésité, il faut utiliser le tour de taille pour mesurer le dépôt de graisse au niveau de l’abdomen. En effet les grands sportifs ont des muscles très développés qui favorisent la prise de poids. Il s’agit ici des muscles et non de la graisse comme observée dans l’obésité commune.
Notons que l’obésité abdominale est plus grave que celle globale car responsable de maladies cardio-vasculaires telles que le diabète, l’hypertension artérielle, etc. Les sportifs peuvent avoir une obésité générale, mais lorsque l’on prend leur tour de taille, la valeur est normale. Par contre, on peut avoir des gens qui ont un Imc normal mais dont le tour de taille est élevé.
LGR : Votre mot de fin ?
Professeur Adébayo Alassani : L’Imc est un indicateur qui est bien utilisé du fait de sa simplicité. Il permet d’apprécier l’état nutritionnel de façon globale chez tous les sujets. Toutefois, il présente des limites.
Entretien réalisé et transcrit par Edwige MONNOU