Fin du suspense autour de l’identité du dauphin de Patrice Talon à l’élection présidentielle de 2026. Il ne s’agit pas d’un nom inconnu des béninois, encore moins d’un visage étranger. Après le long silence du chef de l’État Patrice Talon et les agissements des prétendants, c’est le ministre des finances, Romuald Wadagni qui est désigné par la mouvance présidentielle. Mais au regard des ambitions affichées et celles à peine affichées au sein de la mouvance, l’on se demande si ce choix est réellement le résultat d’un consensus ou une imposition du chantre de la rupture quand bien même il met une pression forte sur l’opposition.
A peine le Chef de l’État Patrice Talon est revenu de son congé, et déjà le nom de son dauphin est révélé. Sans attendre le mois d’octobre précédemment annoncé par le chantre de la rupture, le suspense autour du candidat de la mouvance présidentielle est levé le dimanche 31 août dernier. Selon plusieurs sources, ce choix est issu de la concertation des deux grands partis de la mouvance, l’Union Progressiste le Renouveau (Upr) dirigée par Joseph Djogbénou, et du Bloc Républicain (Br) conduit par Abdoulaye Bio Tchané. Donc, l’actuel ministre des finances formera un duo avec l’actuelle Vice-présidente de la République, Mariam Chabi Talata pour affronter le duo qui sera proposé par le parti de l’opposition, Les Démocrates.
Alors, il est bien évident que Patrice Talon n’est pas resté inactif dans ce choix qui d’ailleurs reflète au mieux son goût puisque la compétence a primé sur la politique. De même, ce choix est bien celui qui donne à Patrice Talon plus d’assurance de la continuité de la dynamique qu’il a imprimée à la gestion du pays depuis 2016. Romuald Wadagni est bien celui qui maîtrise mieux la vision de Patrice Talon puisqu’ayant longtemps servi l’homme qui l’incarne. D’ailleurs, comme il est susurré dans les arcanes du pouvoir, il est le bras droit de Patrice Talon ou autrement son »bon petit ».
Ainsi, bien que ce choix ne souffre d’aucune insuffisance en ce qui concerne la compétence de l’homme, il se révèle plus comme celui du Chef de l’État Patrice Talon que celui des partis politiques. Certes, Romuald Wadagni pourrait être détenteur d’une carte de membre d’un parti de la mouvance notamment le Bloc Républicain tout comme Patrice Talon lui-même, mais sa proximité avec son »patron » et sa docilité à ce dernier semblent avoir plus favorisé cette ascension que l’onction des barons de la mouvance présidentielle dont le choix pourrait être tout autre. Alors, une fois le vin tiré, il ne reste qu’à travailler à une adhésion réelle des partis politiques de la mouvance à ce choix afin de lui éviter le sort de Lionel Zinsou en 2016.
Une forte pression sur Boni Yayi
Quels pions alignera Boni Yayi face au duo Wadagni-Talata ? C’est la seule question qui reste pour le moment sans réponse en ce qui concerne la présidentielle prochaine. Une fois le duo candidats de la mouvance dévoilé, les regards sont rivés sur Les Démocrates, seul parti de l’opposition remplissant tous les critères pour la présidentielle de 2026. A cet effet, Boni Yayi est contraint de faire le jeu de Patrice Talon pour maximiser la chance de sa formation politique qui annonce le changement de cap. Alors, le duo de la mouvance présidentielle alliant compétence, équilibre régional et approche genre ; l’opposition est tenue aussi de cocher ces cases en premier. De plus, tous étant en train d’observer Boni Yayi pour voir s’il apportera de l’eau au moulin de ceux qui pensent à tort ou à raison qu’il ne lutte que pour que le pouvoir retourne au nord du pays, il est primordial pour Les Démocrates de déjouer ce pronostic. Il va donc falloir que l’ancien président de la République opte aussi pour un ressortissant du sud comme candidat au fauteuil de Président et une femme du nord pour le poste de Vice-présidente de la République.
Ainsi, du côté de l’opposition, il est possible d’avoir aussi un duo équilibré en genre et en région de sorte à ce que la différence se jouera sur les projets de société et sur d’autres détails relevant de la souveraineté du peuple béninois.
Quant à Maître Joseph Fifamè Djogbénou qui en 2016, avait mis son ambition d’être candidat entre parenthèses pour laisser passer son client d’alors, l’homme d’affaires Patrice Talon, il est obligé d’attendre encore un peu plus dans l’espoir que le vent tournera en sa faveur en 2031 étant encore dans la limite d’âge fixée par la constitution.
Edouard ADODE