Les récentes sorties politiques du patriarche Adrien Houngbédji sont très dures contre la gouvernance de l’actuel locataire du Palais de la Marina. Les injonctions qu’il a formulées à l’endroit du gouvernement vis-à-vis de l’actuel code électoral que certains observateurs de la vie politique béninoise qualifient de discours raisonné et objectif sont très loin d’être une plaidoirie pour des élections générales plus inclusives. Elles constituent, à en croire certains analystes, des avertissements qu’il faut prendre urgemment en considération pour ne pas mettre à mal le vivre ensemble des béninois.
Le leader Tchoco Tchoco réclame actuellement au Président Patrice Talon, son allié politique depuis que ce dernier a gagné la présidentielle de 2016, un rétropédalage du chef de l’exécutif d’une course dont il est celui qui a facilité le premier coup de pédale. En 2018, Adrien Houngbédji était le président de l’Assemblée Nationale qui a voté la loi nº 2018-23 du 17 septembre 2018 portant charte des partis politiques en République du Bénin. Cette loi est celle qui a balisé le chemin à toutes les autres actuellement décriées par l’opposition politique à Talon et par le président du parti Prd parce que c’est elle qui a permis l’exclusion des partis d’opposition lors des élections «Wahala» de 2019 comme le dit l’homme. Cette élection a eu pour conséquence le parlement monocolore, cheville ouvrière de la révision de la constitution de 1991 et du code électoral.
Adrien Houngbédji, au moment des faits fonçait la tête baissée, convaincu de la justesse de la réforme. Les supplications de l’opposition avaient résonné comme un aveu d’incapacité et même les avertissements de l’actuel secrétaire nationale à la communication du parti Les Démocrates, Guy Mitokpè, ne l’avaient point alerté. Rien de ce qu’il dénonce actuellement ne serait donc arrivé sans son concours.
Et puisque la sagesse et les remords arrivent souvent avec le temps pour des âmes, selon l’expression des religions, que Dieu a choisies, le patriarche cherche à corriger le tir des actes qu’il posés il y a 7 ans. Ses sorties politiques où il critique le gouvernement Talon et l’appelle à revoir sa copie ne sont pas une simple expression de son instinct de démocrate mais surtout une tentative tardive d’expier ses mauvais choix du passé.
Mais, en raison des forces actuellement en présence, il est aussi logique de s’interroger si le Houngbédji de 2025 peut faire ce que pouvait celui de 2017 qui, hélas, ne savait pas ou peut être feignait ne pas savoir ?
Kassim MAMA