La seconde tentative de concrétisation de l’ambition de l’État béninois de doter le parlement d’un nouveau siège digne de la représentation nationale se poursuit. Ainsi, après la première qui s’est soldée par un gros éléphant blanc sous le régime de l’ancien président Boni Yayi, Patrice Talon a ouvert un nouveau chantier à Porto-Novo en vue de tourner définitivement la page de cette infrastructure tant attendue. Mais, malgré la rigueur du chef de l’État Patrice Talon et son gouvernement, ce second chantier semble être aussi sous l’influence des vieux démons qui avaient entre temps gagné la bataille à la lagune de Porto-Novo. Ce chantier se révèle comme le plus stressant de la rupture.
De tous les grands chantiers ouverts sous le pouvoir de la rupture, le plus stressant est celui de la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale. Un projet pharaonique et historique qui retient l’attention des Béninois. De même tous des députés rêvent de siéger dans ce nouveau bâtiment qui avant même la fin des travaux, présente déjà l’aspect d’un chef d’œuvre historique. Par son architecture inspirée de l’arbre à palabres, l’infrastructure s’annonce comme un symbole de fierté nationale. L’infrastructure s’impose majestueusement dans le paysage de la capitale.
Mais à travers les visites incessantes des autorités sur le chantier, on note combien il est stressant pour ces dernières d’attendre la fin de cette œuvre qui porte la marque du chef de l’État Patrice Talon. Le président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou s’est même mué en inspecteur des Btp avec de nombreuses descentes qui s’achèvent sur des séances d’explication de l’entreprise qui assure la maîtrise d’ouvrage. Tous piaffent d’impatience pour voir la fin en se rassurant que le chantier ne connaîtra pas le sort de son ancêtre de la lagune de Porto-Novo qui a été récemment rasé pour éviter aux Béninois de ressasser ce désastre du passé.
Le chef de l’État Patrice Talon ne s’est pas privé de visiter l’actuel chantier. Le mardi 23 septembre dernier, il s’est rendu sur les lieux en compagnie du président de l’Assemblée nationale. Au cours de cette descente, le chef de l’État a scruté l’infrastructure dans tous ses compartiments pour mieux contempler ce joyau qu’il compte laisser en héritage à la Nation, l’un des symboles de son passage à la tête du Bénin. Quand bien même le niveau d’avancement rassure d’une fin heureuse, le stresse est plus grand lorsqu’on se rend compte que ces travaux sont déjà largement sortis du délai contractuel annoncé au départ. Pour rappel, au lancement des travaux en avril 2021, il était prévu qu’ils doivent durer 30 mois. Les Béninois espéraient donc voir leurs représentants dans ce nouveau siège de l’Assemblée nationale courant le mois d’octobre 2023. Mais, ce délai passé depuis bientôt deux ans, les travaux continuent toujours faisant ainsi évaporer l’espoir de la 9e mandature de l’Assemblée nationale, celui de tenir au moins quelques sessions dans ce joyau majestueux avant de céder la place à la prochaine mandature.
Ainsi, loin d’une visite de contemplation des lieux, cette descente du chef de l’État vient mettre davantage de pression sur les entreprises en charge des travaux afin de permettre tout au moins à Patrice Talon d’immortaliser l’inauguration de l’ouvrage.
Edouard ADODE