Contrairement aux religions endogènes qui prônent la vertu pour une vie heureuse sur terre, celles importées travaillent à tourner les regards des hommes vers le Paradis. Ainsi, en Afrique, par leur foi, nombreux sont les hommes et les femmes qui aspirent aller au Paradis, lieu où il n’y aura plus de chagrin et de douleur. Ceux qui ont cette foi ne s’attendent pas forcément à récolter le fruit de leur vertu seulement ici-bas mais croient fermement recevoir des récompenses éternelles.
Mais le drame c’est que dans cette attente, plusieurs deviennent des prisonniers du paradis en oubliant qu’ils ont une vie terrestre à vivre avant celle de l’au-delà. Combien de croyants ne se sont-ils pas laissés emporter ou ruiner par des annonces fantaisistes d’une date butoir de la fin du monde qui leur fera entrer au Paradis ? Ainsi, refusant d’écouter leur conscience, ils bradent leurs biens en attendant une fin qui ne vient pas avant de sombrer dans la misère.
D’autres sous la conduite de bergers aveugles s’engagent dans des jeûnes illimités croyant pouvoir ainsi précipiter la fin du monde jusqu’à ce que la mort ne vienne les chercher après avoir été totalement sucés par la faim et la soif loin des regards qu’ils jugent d’incrédules. Des milliers de jeunes, bras valides du continent, dans l’attente du paradis, sombrent dans la médiocrité et dans la paresse sous l’effet des doctrines tronquées livrées par des leaders qui ne jurent que par leur ventre. Obnubilées par cette forte envie de franchir la porte du Paradis, des femmes sous l’emprise d’un lavage de cerveau, se montrent prêtes à laper les semelles de leurs gourous, alors qu’elles sont incapables de la moindre soumission au foyer.
Toujours sur le continent noir, le désir d’entrer au paradis enlève à plus d’un leur humanité. Ceux-ci croient que la clé du paradis réside dans l’abondance du sang de leurs frères et sœurs avec qui ils ne partagent pas la même foi, versée à travers des attentats de tout genre. Alors, ils sont ainsi prêts à perpétrer des meurtres les plus odieux pour prétendre s’offrir la clé du Paradis. Quand bien même leur acte n’a rien de moins que la pure barbarie humaine, eux, ils l’attribuent pompeusement à une « guerre sainte » justifiée par des écrits sortis de leur contexte. Sous ce faux prétexte qui écœure les esprits éclairés, des milliers d’innocents sont assassinés dans ‘’une guerre’’ dont ils ignorent souvent les tenants et aboutissants. Ainsi, des individus qui aspirent à un lieu merveilleux du bonheur parfait, croient qu’ils peuvent y entrer avec des mains souillées de sang d’innocents. Quelle aberration !
Il est bien évident que quand le Paradis est bien décrit, il est difficile de ne pas y croire. Mais, ce n’est pas une raison pour vivre ici-bas en esclave d’un lieu si merveilleux, même s’il reste encore imaginaire pour le commun des mortels, au point d’oublier son humanité ou les valeurs humaines qui d’ailleurs révèlent dans la pratique la parcelle divine qui est en chacun de nous.
Edouard ADODE