Le décès de l’ancien conseiller politique de l’ancien président Boni Yayi est un moment de grands tourments pour la présidente du parti Renaissance Nationale (Rn). Au-delà de la douleur que peut causer la mort de cette personnalité à la Nation béninoise et surtout pour ses proches, c’est plutôt l’heure d’une confusion communicationnelle pour Claudine Afiavi Prudencio, seule cheffe de parti au Bénin. Dans la ferveur des messages de condoléances, elle se retrouve subitement entre deux communiqués qui suscitent des indignations malgré ses efforts pour sauver son éducation et son honorabilité. Alors, des pieds et des mains, l’amazone d’Abomey-Calavi se bat mais a du mal à se faire comprendre même par les gens de sa famille politique.
Edouard ADODE
Dans l’océan de messages de condoléances qui coule depuis la disparition de l’ancien ministre Amos Elègbè le 8 mai dernier, un seul retient plus les attentions. Il s’agit d’un message assez acerbe prétendument attribué à la présidente du parti Renaissance Nationale (Rn). Comme une traînée de poudre, ce communiqué qui serait signé de la ministre-conseillère à la santé, Claudine Afiavi Prudencio, suscite de graves indignations quand bien même le contenu dudit message de condoléances semble révéler un état d’âme vrai et profond dépourvu de toute hypocrisie cérémonielle qui teinte souvent les oraisons funèbres dans les sociétés africaines.
Le défi de la déconstruction du faux
Sans perdre de temps, Claudine Afiavi Prudencio apporte un démenti formel à ce communiqué qui pour d’aucuns friserait un règlement de compte avec le défunt. L’amazone de Calavi ne se reconnaît pas dans ce communiqué qui lui serait attribué par des esprits malveillants. « Il est des instants où le silence, fût-il noble, ne suffit plus. Par devoir de vérité, par exigence de respect, il devient nécessaire de rétablir les faits, non pour polémiquer, mais pour rappeler ce que la dignité impose ». C’est en ces termes que Claudine Prudencio justifie sa réaction. Rejetant en bloc la maternité dudit message, elle précise qu’elle n’a « jamais cru que la vie publique autorisait tous les excès. Il existe, au-dessus des ambitions passagères, une exigence d’éthique, un respect de la parole, un devoir de responsabilité ». Pour Prudencio, le communiqué en question est une pure machination à des buts inavoués.
Un coup d’épée dans l’eau ?
Dans le meilleur des mondes, cette mise au point aurait suffi pour laver l’honneur de la dame de fer qui tient bon dans le landerneau politique béninois fortement masculinisé. Mais hélas ! L’incident est loin d’être clos. Le communiqué officiel a encore du mal à effacer les émotions suscitées par le faux. Pour ceux qui tentent de croire que le premier est une machination, ils se demandent néanmoins pourquoi parmi tous les ministres conseillers et parmi tous les chefs de partis au Bénin, c’est seulement Claudine Afiavi Prudencio qui est visée par ce supposé complot. S’agit-il d’une manifestation gratuite de la misogynie ?
De même, certains se montrent très fermés pour croire à la bonne foi de la première autorité de la Rn. Pour ces derniers, il s’agirait d’une erreur de communication qui ne devrait pas arriver de la part d’une personnalité de la trempe de Claudine Afiavi Prudencio. Même dans la famille politique de l’amazone, il est difficile pour ces esprits d’ajouter foi à cette justification qui sonne comme un coup d’épée dans l’eau. Bertin Koovi du Bloc Républicain va jusqu’à donner des leçons de morale à celle-là qui représente une figure importante du combat politique féminin au Bénin. Le ton est loin d’être amical ou fraternel contrairement à ce que recommanderait l’esprit d’appartenance au même bord politique, l’économiste fondamentaliste a simplement préféré prescrire à la ministre-conseillère une ordonnance amère au goût d’un règlement de compte.
Alors, à cette allure que deviendra la famille politique de Patrice Talon quand ce dernier ne sera plus au pouvoir ?