Face à un parterre de personnalités venues d’horizons divers, le président du parti Union Progressiste le Renouveau (Upr), Joseph Fifamè Djogbénou, s’est prononcé sur certains sujets de l’actualité politique du Bénin. C’était dans le cadre de la conférence organisée le jeudi 10 avril dernier par l’Institut des Artisans de Justice et de Paix au Chant d’Oiseau de Cotonou sur le thème, « l’impératif de la bonne gouvernance pour relever les défis actuels ». Au cours de ce débat public porté par la Conférence Episcopale du Bénin (C.e.b), l’ancien ministre de la justice a senti le besoin de revenir sur le sens de son expression « faire la politique avec la ruse et la rage ». Des termes qui semblent devenir des fantômes qui poursuivent le professeur de droit privé.
Le pouvoir de la rupture à l’instar de ses précédents, passera mais certaines déclarations des hommes forts du régime resteront gravées dans les mémoires comme dans du marbre. Au nombre de ces déclarations qui sont pratiquement devenues des fantômes qui hantent l’esprit de leurs auteurs, on note ce célèbre mot d’ordre qui a rendu officielle la politique avec « ruse et rage ». Ce cri a été donné suite à l’échec du premier projet de révision de la constitution, cher au président Patrice Talon, comme l’a si bien rappelé l’ancien garde des sceaux, Joseph Djogbénou qui à chaque fois, renvoie au contexte pour justifier les mots forts qui intriguent les béninois. Pour l’ancien président de la cour constitutionnelle, cet échec infligé au premier projet de révision de la constitution ne peut être expliqué par la ruse et la rage.
Ainsi, il est bien clair que la rupture a préféré répondre à la ruse par la ruse et à la rage par la rage comme une femme qui répond à l’adultère de son partenaire par le même acte sans tenir compte de son honneur à elle et à celui des enfants. Alors, très vite, toutes les réformes qui ont suivi, sont généralement perçues à tort ou à raison à la loupe de cette déclaration. Ce qui empêche bon nombre de béninois de croire à la bonne foi du Chef de l’Etat Patrice Talon dans certaines de ses réformes. C’est là même l’origine de la méfiance qui s’observe entre opposition et mouvance, et qui empoisonne le dialogue dans l’arène.
Alors, malgré le temps qui passe, ces fantômes risquent de jouer un sale tour à Joseph Djogbénou qui continue de chercher en vain l’antidote dans son éloquence d’avocat.
Edouard ADODE